LE NOM DE DIDIER HOUSSIN reste surtout lié à celui de l'Etablissement français des greffes (EFG). Le chef du service de chirurgie de l'hôpital Cochin à Paris et vice-président du conseil scientifique de l'université Paris V-René-Descartes a en effet dirigé l'EFG de 1994, année où il y fut nommé par Simone Veil et Philippe Douste-Blazy, jusqu'à 2003. Après des débuts difficiles à l'EFG, ce chirurgien connu jusqu'alors pour ses succès dans la transplantation hépatique chez l'enfant, avait rempli l'objectif sanitaire qui lui avait été fixé, en faisant passer le nombre des prélèvements de 15 à 20 par million d'habitants (« le Quotidien » du 8 septembre 2003).
Climat de confiance rétabli.
Alors que la greffe traversait une période de crise grave (affaire du sang contaminé, affaire d'Amiens, inscription en liste d'attente d'un nombre élevé de patients non résidents, trafics de priorité), le Pr Houssin réussissait à rétablir alors un climat de confiance profondément ébranlé, notamment au sein des établissements de santé, redressant puis développant les activités de prélèvement et de greffe en France.
Son bilan à l'Assistance publique est forcément plus limité, puisque, nommé en janvier 2003 directeur de la politique médicale par la nouvelle directrice générale Marie-Rose Van Lerberghe, il n'aura assuré ses nouvelles responsabilités que pendant deux ans. C'est justement la question de son départ de l'AP-HP, confie-t-on Avenue de Ségur, qui explique pour une part l'attente quelque peu prolongée de la nomination du nouveau directeur général de la santé. Alors que certains choisissaient de se récuser, tels Martin Hirsch, directeur général sortant de l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), le Pr Houssin a donc accepté le principe d'une nomination à un poste considéré comme très exposé.
Et c'est sur son nom que le président de la République et le Premier ministre ont finalement porté leur choix, le préférant aux trois autres candidats en lice, pour poursuivre la tâche compliquée qui fut depuis août 2003 celle du Pr Dab, après avoir été celle de Lucien Abenhaim (mai 1999-août 2003).
La tache, de l'avis général, s'annonce particulièrement lourde : après la Cour des comptes qui, dans son dernier rapport, dénonçait « la profusion des textes (qui) engorge la DGS », « l'encours des décrets à produire qui représentait début septembre 2004 au moins quatre années de travail » (« le Quotidien » du 3 mars), c'était le Pr Jean-Michel Dubernard (UMP) qui, à l'occasion d'un rapport parlementaire sur l'application de la loi de santé publique du 9 août 2004, stigmatisait à son tour la situation d'overdose réglementaire qu'affronte la DGS (« le Quotidien » du 29 mars).
Et William Dab lui-même d'avouer dans nos colonnes que (ses) services se trouvent bien « dans une situation délicate », non pas tant dans le fonctionnement de la technostructure centrale, à Paris, que dans celui des relais territoriaux, départementaux et régionaux.
Fidèle à sa réputation de serviteur intrépide de l'Etat, cédant à son goût pour les défis, le Pr Houssin va donc affronter les grands chantiers de la santé publique qui relèvent de sa nouvelle administration.
La sécurité sanitaire à la réforme.
Parmi eux, celui de la réforme des agences de sécurité sanitaire ne s'annonce pas le moindre. Hasard des calendriers aidant, la plupart des agences sont aujourd'hui dans l'attente des nominations de leurs responsables : depuis deux semaines, l'Institut de veille sanitaire attend de connaître le nom du successeur du Pr Gilles Brücker (qui pourrait se succéder à lui-même) ; à partir de la semaine prochaine, ce sera le poste de directeur général de l'Afssa qui sera ensuite à pourvoir (Martin Hirsch n'est pas candidat à un troisième mandat) ; le mois prochain, ce sera le tour de la direction de l'Agence française de sécurité environnementale. Et au mois de mai, la nomination du nouveau patron de l'Inpes devrait fermer le ban.
Au-delà du choix des hommes, c'est la question de l'éventuelle refonte des structures qui est ainsi posée. « Une fenêtre de tir » se trouve ouverte, pour reprendre l'image de Martin Hirsch (lire ci-dessous) pour lancer la troisième étape de la réforme de la sécurité sanitaire. Des agences pourraient fusionner, disparaître ou apparaître, comme une future agence de la santé au travail.
Voir aussi :
> Martin Hirsch : la bataille de la sécurité sanitaire n'est pas gagnée
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature