LA SCLÉROSE EN PLAQUES (SEP) peut être considérée comme une maladie auto-immune, dans laquelle les CD4 et les macrophages détruisent les oligodendrocytes, les cellules qui synthétisent les gaines de myéline axonales et les maintiennent en état.
Les démyélinisations focales qui occasionnent les graves troubles neurologiques que l’on connaît sont rapportées à des attaques non guidées du système immunitaire.
Dans le « New England Journal of Medicine », Ludwig Kappos et coll. rapportent les résultats obtenus avec le fingolimod, un nouvel immunosuppresseur en cours d’évaluation, dans une étude destinée à faire la « preuve du concept ». Le fingolimod est un régulateur (agoniste) des récepteurs à la sphingosine-1-phosphate (Novartis Pharma). Dans la série étudiée, le produit a apporté un bénéfice thérapeutique très appréciable. Le fingolimod a réduit le nombre des lésions de démyélinisation à l’IRM et diminué l’activité clinique de la maladie en réduisant les rechutes.
IRM mensuelles pendant douze mois.
Sur un total de 255 patients, qui ont été suivis pendant douze mois par IRM mensuelles et par évaluation clinique, on constate, dans le groupe ayant eu le fingolimod aux deux dosages testés (1,25 mg et 5 mg), une réduction du nombre des lésions aggravées : 1 chez les patients ayant eu le traitement contre 5 dans le groupe placebo.
«Chez les 227patients qui ont été jusqu’au bout de l’étude, le nombre des lésions aggravées et les taux de rechute sont restés bas. Par ailleurs, ce qui conforte les observations, ces indicateurs ont décru chez les patients qui ont changé de groupe, passant du groupe placebo au groupe sous produit actif.»
Le produit était donné à raison d’une prise orale par jour et les patients éligibles devaient avoir eu au minimum un épisode documenté de SEP au cours de l’année précédente, avec au moins une lésion en aggravation sur l’IRM.
Ont été exclus les patients qui avaient eu des corticostéroïdes ou un traitement immunosuppresseur (azathioprine, méthotrexate...).
A ce stade, «les résultats cliniques montrent que le fingolimod peut représenter une option thérapeutique pour la SEP rémittente. Avant que l’on soit capable de prendre en compte ces résultats en pratique clinique, il est important d’évaluer les rapports bénéfices/risques dans le cadre d’études randomisées à long terme».
Le mécanisme d’action du fingolimod consiste en une séquestration des lymphocytes dans un organe lymphoïde secondaire (par l’intermédiaire d’interactions avec des récepteurs pour la sphingosine-1-phosphate). «Les résultats clini- ques font penser qu’à cela s’ajoutent d’autres activités, impliquant d’autres récepteurs pour la sphingosine-1-phosphate, qui sont connus pour s’exprimer dans les cellules nerveuses du système nerveux central.»
Les auteurs soulignent la grande biodisponibilité du fingolimod dans le système nerveux central de par sa propriété lipophile.
Comme les dosages de 1,25 mg et 5 mg sont apparus équivalents en termes de résultats, des dosages moindres méritent d’être testés.
Des effets secondaires ont été rapportés. Le plus fréquent est une infection respiratoire haute (rhino-pharyngite). Il y a eu deux infections plus graves et le risque de leur survenue doit être mesuré dans une cohorte de plus grande amplitude. Un autre risque doit encore être mesuré, celui de syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible, qui est survenu chez un patient. On ne sait pas en expliquer la raison. Mais il pourrait être lié à une altération de la régulation de la fonction endothéliale.
Par ailleurs, on a observé une élévation des enzymes hépatiques, dont on ne s’explique pas l’origine, alors qu’elles n’étaient pas altérées dans des études du produit donné en transplantation d’organes.
« New England Journal of Medicine », 14 septembre 2006, pp. 1124-1140 et commentaires pp. 1088-1091.
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