Automesure tensionnelle
EN DEPIT D'UN nombre important de personnes possédant un tensiomètre, le recours à l'automesure pour améliorer la prise en charge de l'hypertendu reste limité. Les tensiomètres personnels sont la plupart du temps achetés en dehors de tout conseil médical et restent un gadget, peu et mal utilisé. « Or, l'automesure doit être replacée dans un cadre médical, a estimé le Pr J.-M. Maillon (Grenoble). Il faut en définir les indications et expliquer au patient comment réaliser les mesures. » La Société française d'hypertension a édité une brochure à cet effet. Il y est rappelé que la prise de tension se pratique après cinq minutes de repos, en position assise - pour les appareils de poignet, l'appareil positionné à hauteur du cœur - ; trois mesures successives doivent être réalisées à une minute d'intervalle, matin et soir, trois jours de suite. Le patient inscrit lui-même les chiffres tensionnels sur un graphe qui lui a été remis par le médecin ; certains appareils gardent les données en mémoire ou télétransmettent les résultats.
L'interprétation des résultats.
L'AMT n'a d'intérêt que si ses résultats sont correctement interprétés. En pratique, quatre situations cliniques se posent : le patient a une tension normale à la consultation et normale à l'automesure, il n'est pas hypertendu ; le patient a une PA supérieure à 140/90mmHg à la consultation et supérieure à 13,5/8,5 à l'AMT, il est hypertendu ; le patient est hypertendu à la consultation et normotendu en automesure, c'est l'effet blouse blanche ; enfin, des chiffres tensionnels normaux à la consultation et élevés en AMT traduisent une « HTA masquée » qui doit être prise en charge.
Par ailleurs, comme l'a montré l'étude Cosima, l'AMT a désormais une place dans les essais cliniques dans le cadre d'une méthodologie Probe (Prospective Randomized Open Blinded End-point). Cosima est une étude comparative {irbesartan-hydrochlorothiazide (HCTZ) / valsartan-hydrochlorothiazide (HCTZ)} qui associait dans son évaluation, la mesure tensionnelle à la consultation et l'AMT. Quatre cent quatorze patients hypertendus (non traités ou mal équilibrés par une monothérapie) recevaient un diurétique (12,5 mg HCTZ) pendant une première période de cinq semaines. Durant une seconde période de huit semaines, les patients dont la tension n'était pas normalisée étaient randomisés en deux groupes : l'un recevait irbésartan-HCTZ (150/12,5), l'autre valsartan-HCTZ (80/12,5). La tension était mesurée, après cinq minutes de repos, à trois reprises à 1 minute d'intervalle, en position assise. A la consultation, les mesures étaient effectuées avec le même appareil et au même bras durant tout l'essai. Les automesures étaient faites le matin (entre 6 h et 10 h) avant la prise du traitement et le soir (entre 18 h et 22 h), pendant au moins trois jours. L'appareil utilisé était un appareil validé « Tensioday » qui télétransmettait les résultats au médecin. Les automesures étaient faites avant la troisième visite - avant la randomisation - et avant la quatrième visite - après les huit semaines de traitement -.
Un bénéfice évalué de façon indépendante de l'investigateur
Au terme de l'étude, les résultats observés à l'automesure étaient concordants avec ceux de l'évaluation au cabinet médical. Avec les deux techniques, la baisse de la PAS (critère principal de l'étude) était supérieure dans le groupe irbésartan/HCTZ à celles observées dans l'autre groupe (à la consultation delta 3,2 p = 0,0047 et à l'AMT delta 2,8 p = 0,0024). La réduction des chiffres de PAD, critère secondaire de l'étude, était également plus importante dans le groupe irbésartan, qu'elle soit mesurée en consultation (delta 1,4 p = 0,0374) ou en AMT (delta 2,2, p = 0,0003). Par ailleurs, l'AMT a permis de montrer l'efficacité des traitements sur le nycthémère avec une supériorité de l'irbésartan observée le matin et le soir. La tolérance était strictement comparable dans les deux groupes. La supériorité de l'association irbésartan/HCTZ mise en évidence de façon objective et indépendante de l'investigateur par l'AMT télétransmise démontre l'utilité de cette technique dans les essais de méthodologie « Probe ».
*Etude Cosima : G. Bobrie (1), A. Giacomino (2), N. Postel-Vinay (1), C. Moulin (1), R. Asmar (3).
(1) Service d'HTA, HEGP-Broussais, Paris ; (2) MG Recherches, Paris ; (3) ICV, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature