LES SINGES qui apprennent à manipuler un bras robotique en utilisant leur cerveau font plus que simplement manipuler un outil externe : le cerveau s'adapte et traite la prothèse comme un membre à part entière. Cette découverte montre la très grande adaptabilité du cerveau des primates. Elle est riche d'implications potentielles pour aider les handicapés à se servir d'outils commandés par le cerveau.
On se souvient que les neurobiologistes Miguel Nicolelis et coll. (Duke's Center for Neuroengineering) ont publié en 2003 une expérience chez deux femelles Rhésus. Des microélectrodes avaient été implantées dans les lobes frontaux et pariétaux et les animaux avaient été progressivement entraînés à mobiliser un bras robotique avec la seule aide des signaux cérébraux. Peu à peu, les animaux ont délaissé les mouvements de leur propre bras pour ne plus faire bouger que le robot. Comment cette transition s'est-elle déroulée du point de vue du fonctionnement cérébral ?
« Nous avons pu montrer clairement qu'un grand pourcentage des neurones sont devenus davantage "entraînés" à la manipulation du bras robotique qu'au propre bras de l'animal. » Il s'est produit un changement d'affectation des neurones, mais cela n'est pas le seul changement. Il s'est aussi produit un élargissement des capacités cérébrales. L'animal est capable d'effectuer simultanément deux activités différentes, l'une avec son bras et l'autre avec le bras du robot.
Il est donc possible d'ajouter un outil et de la faire commander par signalisation neuronale, sans perte de fonction cérébrale. On peut donc imaginer, grâce à la capacité d'incorporation dans les structures intimes du cerveau et à la connaissance des qualités de plasticité neuronale du cortex préfrontal humain, que les handicapés puissent mieux s'adapter à leur environnement en apprenant à utiliser des outils créés spécifiquement. On pourrait imaginer que les outils spécifiques seraient nommés « neuroprothèses ».
« Neuroscience », 11 mai 2005.
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