L'HYPOTHESE du prion, c'est-à-dire d'une protéine plutôt qu'un agent infectieux conventionnel (virus ou virino) à l'origine des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), a été avancée en raison de différentes caractéristiques attenantes à ce groupe de maladies neurodégénératives. Comme l'absence de réaction inflammatoire, la longue durée d'incubation, la résistance de l'infectivité aux radiations. Ensuite, l'identification de la protéine pathogène (PrPsc), suivie de la découverte surprenante que PrPsc possède la même séquence d'acides aminés que la protéine normale (PrPc), a conduit à penser que PrPsc serait dérivée de PrPc via une modification post-translationnelle qui inclut une modification conformationnelle translatant la structure hélicoïdale alpha en une structure bêta, la protéine étant repliée différemment.
Cette hypothèse s'est révélée être très difficile à vérifier, car, jusqu'à présent; on n'a pu provoquer une EST chez un animal de laboratoire en l'infectant avec des protéines malformées créées en tube à essais.
Joaquin Castilla, Claudio Sotto et coll. ont utilisé une approche différente, en utilisant une méthode de conversion de PrPc vers PrPsc qu'ils avaient mise au point antérieurement et qui s'appelle Pmca (Protein Misfolding Cyclic Amplification).
Mêmes caractéristiques physiques et chimiques.
Ils ont pu de cette manière traiter un petit nombre de protéines PrPsc provenant de hamsters infectés, placés dans des tubes à essai contenant des protéines PrPc cérébrales saines. Quand ces dernières ont été transformées en PrPsc, le processus a pu être répété de très nombreuses fois. En théorie, expliquent les chercheurs, il peut être répété indéfiniment. Et ils ont obtenu une préparation qui contient des PrPsc entièrement générés in vitro, ayant les mêmes caractères physiques et chimiques que le PrPsc du hamster. Ces protéines créées en laboratoire ont provoqué une maladie à prion après inoculation intracérébrale à des hamsters, maladie similaire à celle causée par la souche originale.
La technique Pmca a permis de mimer le mécanisme naturel de la formation du prion avec une forte rentabilité et donc de produire de grandes quantités de protéines prion. Ce qui ouvre la porte à des études sur les EST, voire à la possibilité de créer des tests sanguins de diagnostic qui font encore cruellement défaut.
« Voilà des années que l'on essaye de faire des prions infectieux dans des tubes à essai car seule la réalisation du processus in vitro , en l'absence de cellules vivantes, permettra de confirmer l'hypothèse du prion et d'exclure l'hypothèse du virus », expliquent les auteurs.
Il manque encore un petit quelque chose.
« Bien que l'étude de Castilla et coll. représente un progrès significatif en faveur de l'hypothèse du prion, il manque encore un petit quelque chose pour qu'elle soit complètement confirmée », estiment deux spécialistes du prion de Cleveland (Wan-Quan Zou et Pierlui Gambetti) dans un commentaire. Par exemple, la démonstration présente n'exclut pas que de l'ARN ou d'autres molécules présentes sur la préparation originale soient amplifiées en même temps de PrPsc et qu'elles aient aussi leur rôle dans l'infectivité.
« Cell », vol. 121, 22 avril 2005, pp. 195-206 et commentaires pp. 155-157.
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