EST-CE PARCE QUE le producteur Humbert Balsan s’est suicidé alors que le tournage venait de commencer ? Parce que le scénario utilise, non sans imprudence et inexactitudes scientifiques, un Mac Guffin (le nom qu’Hitchcock donnait au prétexte, jugé sans grande importance, de l’intrigue) à base de prion pathogène ? Ou encore parce que les comédiens n’ont pas l’air totalement convaincus par leurs personnages ? Toujours est-il qu’on est déçu.
Pourtant, on aimerait aimer ce thriller au début intrigant, un homme qui dérive sur des rails enneigés. On aimerait frémir pour ce héros atteint d’amnésie rétrograde, qui découvre peu à peu une face très sombre de sa personnalité. On aimerait se passionner pour le travail du journaliste qui enquête sur sa propre enquête. On aimerait applaudir une nouvelle fois le metteur en scène, dont le savoir-faire n’est plus à démontrer.
Francis Girod a adapté un roman du Suisse Martin Suter (Christian Bourgois) bâti à partir de recherches sérieuses. Il a choisi les codes du polar pour réaliser «un film politique», «avec l’ambition de “dire des choses”, d’être une réflexion sur le cynisme des grands groupes industriels».Et c’est peut-être là que le bât blesse. On sent trop la volonté démonstratrice, dénonciatrice, moins le plaisir de raconter une histoire. Il dit lui-même avoir instauré «un rythme posé» pour, notamment, «entrer en douceur dans le paysage mental des personnages». Un rythme posé, cela peut être frustrant pour un polar.
Dommage pour les comédiens, l’intelligent Antoine de Caunes, le sérieux Jean-Pierre Lorit, la sensuelle Martina Gedeck, l’impeccable Carole Bouquet.
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