Syndrome des jambes sans repos

Un traitement pour une maladie méconnue

Publié le 23/03/2005
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LES DYSESTHESIES des membres inférieurs et l'insomnie peuvent être responsables d'une altération franche de la qualité de vie. Dans 80 % des cas, les patients se plaignent de dysesthésies dont la description est très variée - impatiences, brûlures, fourmillement, sensation « d'insectes qui grouillent » - et qui orientent encore trop fréquemment le diagnostic vers une insuffisance veineuse ou une pathologie psychiatrique. « Cette symptomatologie polymorphe, constate le Dr P. Krystkowiack (Chru de Lille), a fait trop souvent douter de la maladie et, pire, des malades. »
Les troubles du sommeil, les insomnies d'endormissement ou les micro-éveils, présents chez près de neuf patients sur dix, sont particulièrement invalidants par leurs conséquences, fatigue chronique et somnolence diurne, d'autant que 80 % des Sjsr comportent des mouvements périodiques qui contribuent à la fragmentation du sommeil. On sait maintenant que le Sjrs s'associe à des difficultés cognitives qui ne sont pas dues seulement aux troubles du sommeil et à des troubles du comportement, anxiété, dépression, voire troubles paniques.
Le diagnostic est simple sur les quatre critères diagnostiques. Il est éventuellement aidé par la notion d'antécédents familiaux très souvent retrouvés dans les formes idiopathiques. La polysomnographie n'est indiquée qu'en cas de forme atypique, de suspicion de syndrome d'apnées obstructives du sommeil (Saos) ou de résistance aux dopaminergiques.
S'il est le plus souvent idiopathique (77 % des cas), le Sjsr peut-être secondaire à une anémie ferriprive, une grossesse (le Sjsr touche deux femmes pour un homme, le risque augmentant à chaque grossesse), une insuffisance rénale dialysée, la prise de certains médicaments du SNC, un diabète, des carences vitaminiques, des maladies neurodégénératives. Le dosage de la ferritinémie doit faire partie du bilan, la carence martiale demandant un traitement spécifique. Aucun argument ne permet de suggérer que le Sjsr prédispose à la maladie de Parkinson. Le Sjsr implique les systèmes dopaminergique, opioïde et probablement GABAergique, mais le primum movens pourrait être une anomalie du passage de la barrière encéphalique par le fer, cofacteur de la transmission dopaminergique.
Nous disposons maintenant de traitements efficaces, comme les agonistes dopaminergiques, dont le seul actuellement à avoir obtenu l'AMM dans cette indication est le ropinirole, indiqué dans les Sjsr idiopathiques invalidants.


Etude Instant (Tison et coll. 2004) portant sur plus de 10 200 sujets. Etude Rest (Hening et coll. 2004).
« Le syndrome des jambes sans repos, une pathologie neurologique fréquente impactant le sommeil », amphi en neurologie, parrainé par le Laboratoire GlaxoSmithKline.

Les dix questions à poser

1) Lorsque vous êtes assis ou couché, vous arrive-t-il de ressentir un besoin intense de remuer les jambes, besoin qui devient parfois irrésistible ?
2) Ce besoin de bouger les jambes est-il lié à des sensations désagréables souvent semblables à un fourmillement dans les jambes ?
3) Avez-vous ces sensations désagréables et ce besoin de bouger surtout pendant les périodes de repos ou d'inactivité ?
4) Ces symptômes s'améliorent-ils lorsque vous remuez volontairement les jambes ?
5) Est-ce que ces sensations désagréables, ces fourmillements et ce besoin de bouger vous gênent le soir ou la nuit, plutôt que dans la journée, et surtout lorsque vous êtes allongé ?
6) Avez-vous des difficultés à vous endormir ou à rester endormi ?
7) Est-ce que votre conjoint mentionne que vous avez des mouvements soudains des jambes en dormant ? Lorsque vous êtes éveillé, avez-vous parfois des mouvements involontaires et brusques des jambes ?
8) Vous sentez-vous fatigué ou incapable de vous concentrer pendant la journée de façon presque quotidienne ?
9) Y a-t-il d'autres membres dans votre famille qui ont ce même besoin de bouger et ces mêmes sensations désagréables ?
10) Avez-vous des examens médicaux qui ont montré la cause de ces sensations et ce besoin de bouger les jambes ?

Les quatre critères diagnostiques

1) Nécessité de bouger les jambes, habituellement associée à des sensations désagréables dans les membres inférieurs.
2) Survenue ou aggravation de ces symptômes au repos ou en période d'inactivité telles que la station assise ou allongée.
3) Amélioration partielle ou totale par le mouvement, en particulier la marche ou les étirements, du moins aussi longtemps que cette activité est maintenue.
4) Aggravation ou survenue exclusive des troubles dans la soirée ou la nuit (suit les rythmes circadiens).

> Dr MAIA BOVARD-GOUFFRANT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7715