LA LEISHMANIOSE viscérale représente la forme la plus sévère des leishmanioses. Elle touche chaque année 500 000 personnes dans le monde. Elle est due à un protozoaire flagellé, Leishmania, à parasitisme endocellulaire, transmis par la piqûre d'un diptère hématophage, le phlébotome (minuscule moustique nocturne). La leishmaniose viscérale est aussi connue sous le nom de kala-azar dans de nombreuses régions du monde.
La leishmaniose viscérale est rapidement mortelle en l'absence de traitement. Dans les zones touchées, la population canine est massivement infectée. Le phlébotome se nourrit aussi du sang d'autres mammifères que les humains.
Les chiens, un réservoir.
Les chiens constituent un réservoir de parasites qui approvisionne de manière continue le cycle mammifère-phlébotome-humain. La mise au point d'un vaccin canin devrait permettre de réduire la population animale infectée et ainsi, indirectement, de diminuer la transmission aux humains. Les candidats vaccins élaborés jusqu'à présent avec des parasites entiers lyophilisés se révèlent peu efficaces. L'équipe montpelliéraine, en association avec un groupe vétérinaire (Bio Veto Test), a mis au point un nouveau type de vaccin composé uniquement de protéines excrétées par le parasite. Les premiers essais montrent que le produit protégerait totalement et durablement les chiens contre la maladie. Sur les dix-huit chiens inclus dans l'étude, douze ont été traités à partir de doses croissantes du candidat-vaccin. Tous les chiens ont ensuite été infectés par L. infantum, puis suivis pendant deux ans. Une protection totale a été obtenue chez les neuf chiens qui ont reçu les doses les plus élevées, à raison de deux injections à trois semaines d'intervalle.
L'efficacité du vaccin se traduit biologiquement par une activation des lymphocytes de type Th1, qui induisent la production de monoxyde d'azote, qui permet aux macrophages de se débarrasser des parasites qui les infectent.
Ces résultats laissent présager une réduction de la transmission de la leishmaniose viscérale à l'homme. Ils offrent aussi de nouvelles pistes pour la mise au point d'un éventuel vaccin humain. Un projet de recherche intégré, impliquant la participation de plusieurs équipes de l'IRD, vient d'être mis en place en Inde pour aboutir à l'évaluation de l'efficacité d'un tel vaccin chez l'homme.
Jeunes enfants et adultes.
La leishmaniose viscérale peut toucher les jeunes enfants (due à Leishmania infantum) ou l'adulte ( L. donovani). La maladie se présente sous la même forme. Elle s'installe progressivement, s'annonçant par des signes non spécifiques : fièvre, perte de poids, affaiblissement, pâleur. Une dilatation abdominale est due à l'hépatomégalie et surtout à une splénomégalie importante, complétées par des adénopathies multiples. L'hémogramme met en évidence une anémie importante, une thrombocytopénie et une leucopénie caricaturale avec surtout une granulopénie. Sans traitement, la maladie évolue inexorablement vers la mort, dans un état de cachexie impressionnant. Un diagnostic présomptif est donné par l'hémogramme. Il est confirmé sur la découverte de l'agent pathogène dans la sérosité des lésions cutanées, dans le sang, la moelle osseuse. Il est aussi possible de pratiquer un sérotest.
Lire « Les maladies parasitaires », Jean-Jacques Rousset, Editions Masson.
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