ENCORE RATÉ pour la France, dont la dernière Palme d'or date de 1987 (« Sous le soleil de Satan », de Maurice Pialat). Michael Haneke, que beaucoup disait gagnant avec « Caché », a dû se contenter d'un très mérité prix de la mise en scène. Aux interrogations subtiles et profondes du cinéaste autrichien, les jurés emmenés par Kusturica ont préféré le réalisme social de Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui avaient déjà emporté la palme en 1999 avec « Rosetta ». « L'Enfant », portrait d'un jeune homme débrouillard et sans repères dans un monde très difficile, a, il est vrai, de quoi toucher. Les deux frères belges, qui ont dédié leur prix à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, sont les cinquièmes à être récompensés pour la deuxième fois, après Shohei Imamura (« la Ballade de Narayama » et « l'Anguille »), Francis Ford Coppola (« Conversation secrète » et « Apocalypse now »), Bille August (« Pelle le conquérant » et « les Meilleures Intentions ») et bien sûr Emir Kusturica (« Papa est en voyage d'affaires » et « Underground »).
Politique.
L'autre grand vainqueur du festival 2005 est l'acteur Tommy Lee Jone, 58 ans, avec deux prix pour « Trois enterrements », son premier film en tant que réalisateur. Il obtient le prix d'interprétation masculine et le Mexicain Guillermo Arriaga le prix du meilleur scénario. Arriaga, pour qui « Trois enterrements » est un film « très politique », sur les relations entre le Mexique et les Etats-Unis, a souhaité partager son prix avec « tous les Mexicains qui habitent de l'autre côté de la frontière ».
Politique également, le message d'Hanna Laslo, prix d'interprétation féminine pour son rôle dans « Free Zone », d'Amos Gitaï. Première actrice israélienne primée à Cannes, elle est surtout connue dans son pays pour ses one-woman show comiques. Elle a dédié son prix au dialogue israélo-palestinien, pour lequel plaide aussi le film, ainsi qu'à sa mère, survivante d'Auschwitz.
Jim Jarmusch, avec son « Broken Flowers » très applaudi, repart avec le Grand Prix. Déçu par « cet étrange jury ». Le cinéma asiatique, qui présentait cinq films en compétition, ne décroche que le prix du jury, avec « Shanghai Dreams », du Chinois Wang Xiaoshuai (un joli cadeau d'anniversaire pour ses 39 ans, célébrés ce jour-là).
Quant à la Caméra d'or, prix du premier film, auquel le festival accorde beaucoup d'importance, elle va ex æquo à l'Américaine Miranda July pour « Moi, toi et les autres » (également lauréat du Grand Prix de la Semaine de la critique) et au Sri Lankais Vimukthi Jayasundara pour « la Terre abandonnée ».
A festival tranquille, palmarès tranquille. On le regrettera un peu car on aurait aimé faire plus de découvertes, être davantage bousculé par les films. « Nous avons eu de la chance cette année, a commenté le président du jury, car la sélection n'était pas à mon sens particulièrement élevée, mais il y avait au moins quatre ou cinq films que l'on aurait pu choisir pour la Palme sans en avoir honte. »
En tout cas, ceux qui se félicitent du millésime 2005, sont les participants au Marché du film : les affaires ont été bonnes. Selon la formule célèbre de Malraux, le cinéma est un art, mais c'est par ailleurs une industrie.
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