SIXIÈME cancer le plus fréquent dans le monde, le cancer de la tête et du cou a une prévalence particulièrement élevée dans les pays à forte consommation d’alcool et de tabac. Rien qu’en Europe, chaque année, près de 100 800 cas sont découverts et près de 40 000 personnes en meurent. A l’échelle mondiale, il y a eu une augmentation significative de l’incidence du carcinome épidermoïde de la tête et du cou, au cours des dix dernières années, notamment chez les femmes.
Environ 90 % de ces cancers sont de type carcinome épidermoïde et presque tous expriment le récepteur du facteur de croissance épidermique, l’Egfr. Il est responsable de la croissance et de la prolifération locorégionale dans plusieurs types de cancer et est facteur de mauvais pronostic. Malgré l’amélioration des techniques chirurgicales et de la radiothérapie associée à la chimiothérapie, la survie globale à trois ans ne concerne qu’environ 30 % des patients atteints d’une forme localement avancée. La durée médiane de survie en cas de métastase ou de récidive n’est que de six mois environ.
75 % des patients avec une forme localement avancée.
Sur le plan médical, de nouvelles options de traitement sont donc nécessaires pour la prise en charge, d’autant qu’environ 75 % des patients atteints d’un cancer de la tête et du cou se présentent pour la première fois chez leur médecin avec une forme localement avancée (environ 60 %) ou métastasée (environ 15 %), cas où la survie est significativement réduite.
Des progrès récents ont été faits en thérapeutique grâce à l’évolution de la thérapie ciblée qui apporte une nouvelle option. Anticorps monoclonal, premier de la classe IgG1, le cétuximab (Erbitux) cible spécifiquement l’Egfr. Il le bloque et inhibe l’activation du récepteur ainsi que la voie de transduction du signal, ce qui a pour résultat de réduire à la fois l’invasion des tissus normaux par des cellules tumorales et l’extension des tumeurs à de nouveaux sites. Le cétuximab inhibe également la capacité des cellules cancéreuses à réparer les lésions causées par la chimiothérapie et la radiothérapie. Il prévient la formation de nouveaux vaisseaux sanguins à l‘intérieur des tumeurs, ce qui semble conduire à une régression tumorale complète.
Au début d’avril 2006, Erbitux (cétuximab), déjà utilisé dans le traitement du cancer colo-rectal métastatique, a obtenu une extension d’AMM en association avec la radiothérapie dans le traitement du carcinome épidermoïde localement avancé de la tête et du cou. La décision de commercialisation est fondée sur les résultats d’une étude de phase III randomisée internationale réalisée chez 424 patients. Dans cette étude (Bonner JA, « the New England Journal of Medicine », 2006), le cétuximab associé à la radiothérapie a amélioré la médiane de survie de 19,7 mois (49 mois contre 29,3 mois, respectivement) et augmente la médiane de temps jusqu’à l’existence d’un échec locorégional de 9,5 mois par rapport à la radiothérapie seule (24,4 mois contre 14,9 mois, respectivement). Ces résultats statistiquement significatifs s’appuient sur une analyse menée par un comité d’étude clinique indépendant.
En association avec une chimiothérapie.
Le cétuximab est étudié comme traitement de première intention dans les carcinomes métastatiques épidermoïdes de la tête et du cou, en association avec une chimiothérapie à base de platine. Dans une étude de phase II, conduite auprès de 442 patients, le cétuximab associé à une chimiothérapie classique (soit cisplatine + 5 FU, soit carboplatine + 5 FU) est comparé à une chimiothérapie seule. Le critère principal de l’étude est la survie globale. L’inclusion pour cette étude vient d’être finalisée.
Le profil de tolérance du cétuximab est favorable et n’augmente pas de manière significative les effets secondaires liés à la radiothérapie dans le traitement du carcinome épidermoïde localement avancé de la tête et du cou. L’effet secondaire le plus souvent rapporté est une éruption acnéiforme chez environ 80 % des patients. L’éruption est contrôlable et entraîne rarement une diminution des doses ou une interruption du traitement. Elle est réversible et semble associée à une bonne réponse au traitement. Chez environ 5 % des patients, des réactions d’hypersensibilité peuvent se produire pendant le traitement par cétuximab ; environ la moitié d’entre elles sont sévères.
Séminaire Merck sur les traitements biologiques des cancers (Stbc) organisé à Marseille par Merck Oncologie et auquel participaient : J.-L. Lefebvre, P. Halimi, P. Olivier, G. Dolivet, G. Calais, X. Pivot, G. Milano, J.-C. Soria, J. Bourhis, F. Penault-Llorca et A. Bozec.
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