Cinéma
« INDOCHINE », « Est-Ouest », Régis Wargnier s'intéresse aux fractures historiques et à leur influence sur le destin individuel. Cette fois, il retourne au XIXe siècle pour explorer un des aspects les plus abominables du colonialisme, celui qui faisait considérer les membres de certaines peuplades comme des être humains inférieurs, voire des animaux, qu'au XIXe siècle, dans notre chère Europe, on n'hésitait pas à exhiber dans des zoos (voir voir l'histoire de la Vénus hottentote, morte à Paris en 1812, disséquée par Cuvier, et dont la France n'a renvoyé les restes dans son pays qu'en 2002). « L'expansion des empires coloniaux était justifiée par le fait qu'on ramenait dans les métropoles des indigènes vivant dans nos colonies, on montrait à quel point ils étaient sous-développés, de notre point de vue, et ainsi on confortait notre mission civilisatrice, on justifiait l'expansion et la guerre », résume le réalisateur.
Désireux d'apporter sa pierre cinématographique au combat loin d'être gagné contre le racisme, Wargnier se défend d'avoir fait un film à thèse. S'adjoignant pour le scénario l'aide du romancier William Boyd (et aussi Michel Fessler, qui a eu l'idée originale, et Frédéric Fougea), il imagine deux Pygmées arrachés à leur environnement en 1870 pour se retrouver en Ecosse, au milieu de scientifiques aux intentions plus ou moins claires, sous la houlette d'une aventurière très femme d'affaires (Kristin Scott Thomas). Seul le héros, incarné par Joseph Fiennes (pas très convaincant), finit par les considérer comme des égaux.
De la forêt africaine aux rues sombres d'Edimbourg, il y a beaucoup de péripéties, dans des cadres choisis pour leur beauté et qui, sur grand écran, apparaissent magnifiques. On devrait être emporté. Si ce n'est pas totalement le cas, malgré toutes les qualités du film, c'est que la mise en scène est trop sage, trop classique pour un tel sujet, et la psychologie des personnages parfois un peu simpliste.
« Man to man » est un film à voir, qu'on a un peu honte de critiquer. Mais c'est au regard de l'ambition du sujet, et de l'œuvre de Wargnier, que l'on se permet de le faire.
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