LE MÉNINGOCOQUE est souvent présent à l’état non pathogène dans la gorge de porteurs sains (5 à 30 % de la population), rappelle un communiqué de l’INSERM et de l’université Paris-Descartes. Mais dans certains cas, la bactérie peut disséminer depuis la gorge vers la circulation sanguine (avec un risque de choc septique) et le cerveau (risque de méningite).
Guillaume Duménil et son équipe de recherche à l’INSERM ont cherché à comprendre pourquoi le méningocoque peut diffuser ; ils se sont intéressés aux pili, structures qui permettent aux méningocoques d’adhérer aux cellules de la gorge, de s’y multiplier et d’y former des agrégats ; et plus particulièrement à la principale protéine qui compose les pili, à savoir la piline.
L’équipe de Guillaume Duménil a découvert que la piline subit au cours du temps des modifications ; parmi celles-ci, l’ajout d’un phosphoglycérol, groupement chimique qui, une fois fixé à la piline, donne le signal de dissémination. Les chercheurs ont montré que c’est le gène pptB qui, lorsqu’il s’emballe, permet l’ajout du phosphoglycérol à la piline. Quand le phosphoglycérol est fixé à la piline, celle-ci perd sa capacité à former des agrégats. En conséquence, certaines bactéries se détachent peu à peu de la colonie et disséminent à la fois pour coloniser d’autres endroits de la gorge et pour traverser les cellules qui la tapissent. « On pourrait presque comparer ce phénomène à la formation de métastases cancéreuses », souligne Guillaume Duménil.
Ce travail constitue une première étape. « On sait dorénavant comment le méningocoque passe de la gorge au sang. Nous espérons pouvoir démontrer que ce processus est identique lorsque la bactérie passe du sang au cerveau et déclenche une méningite », poursuit le chercheur.
Enfin, si l’on parvient à trouver des molécules qui bloquent la dissémination, on pourrait détenir un outil à la fois préventif (blocage de la colonisation de la gorge et du passage vers la circulation sanguine) et thérapeutique (limitation de la colonisation des vaisseaux sanguins et de la transmission au cerveau).
Julia Chamot-Rooke et coll. « Science » du 11 février 2011.
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