UN NOUVEL ALLÈLE du gène CHEK2 responsable d’une augmentation significative de la susceptibilité au cancer de la prostate a été identifié dans la population polonaise. Selon les données recueillies par Cybulski et coll. (Pomeranian Medical University Szczecin, Pologne), les individus porteurs de cet allèle voient leur risque de cancer prostatique multiplié par deux. Dans les formes familiales de la maladie, la présence de l’allèle multiplierait le risque de développer ce cancer par un facteur proche de quatre.
Le gène CHEK2 code pour une protéine kinase essentielle au maintien de l’intégrité du génome. Lorsqu’une lésion de l’ADN est détectée, la protéine Chek2 conduit en effet à l’arrêt transitoire du cycle cellulaire. Cette pause laisse le temps à la cellule de réparer les dommages détectés avant de se diviser ou de s’engager dans la voie de l’apoptose si les lésions sont trop importantes.
Multiplication sans réparation.
Les mutations qui inactivent ou altèrent la fonction de Chek2 sont oncogènes puisqu’elles conduisent au dysfonctionnement de ce système de sécurité : sans Chek2, les cellules dont le génome présente des dommages cancérigènes ont en effet la possibilité de se multiplier sans être réparées et de conduire ainsi à la formation d’une tumeur. Certaines mutations du gène CHEK2 sont d’ailleurs associées à une élévation du risque de cancer du sein et de la prostate.
Au cours des derniers mois, trois allèles de CHEK2 associés à une susceptibilité accrue aux cancers ont été identifiés, deux allèles codant pour une protéine tronquée et un allèle comportant une mutation faux-sens. Plus récemment, une mutation constituée par une grande délétion des exons 9 et 10 a été mise en évidence chez des patientes tchèques et slovaques atteints de cancer du sein.
Cybulski et coll. ont voulu savoir si cette mutation était également retrouvée chez des hommes souffrant de cancers prostatiques. Dans ce but, ils ont étudié la séquence du gène CHEK2 chez 1 864 patients polonais et chez 5 496 sujets témoins, issus de la population générale polonaise. Les scientifiques ont recherché les quatre mutations de CHEK2 jusqu’ici caractérisées – les deux mutations tronquantes, la mutation faux-sens et la grande délétion – chez l’ensemble de ces individus.
Ces travaux ont montré que la délétion des exons 9 et 10 du gène CHEK2 est présente chez 0,4 % des sujets témoins. Dans la population générale polonaise, elle semble être la mutation la plus commune parmi les quatre recherchées. Elle est aussi fréquente chez les nouveau-nés que chez les jeunes adultes ou adultes plus âgés.
Maladie à caractère familial : 13 %.
Dans le groupe des patients atteints de cancer de la prostate, la délétion a été détectée chez 15 personnes, soit 0,8 % de la population analysée. Sur les 1 864 patients étudiée, 249 (13 %) présentaient une maladie à caractère familial (au moins un de leurs parents au premier ou au second degré avait également développé un cancer de la prostate). Parmi eux, quatre (1,6 %) se sont révélés porteurs de la délétion des exons 9 et 10.
Par ailleurs, cette étude a montré que près de 10 % des patients inclus présentaient une des quatre mutations recherchées, la plus commune étant une des deux mutations tronquantes (mise en évidence chez 142 des patients atteints d’un cancers prostatique).
Reste maintenant à déterminer si l’ensemble de ce observations sont spécifiques à la population slave ou si l’allèle de CHEK2 délété est également responsable d’une élévation du risque de cancer prostatique dans d’autres populations.
Cybulski C et coll. « Journal of Medical Genetics », 2006.
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