LA DESCRIPTION épidémiologique des rhumatismes inflammatoires repose sur l'utilisation de mesures définies en termes d'incidence (nombre de nouveaux cas observés pendant une période donnée parmi les individus chez qui l'événement est susceptible de se produire) et de taux de prévalence (nombre de personnes atteintes à un instant ou pendant une période (sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens rapportés à la population totale).
Les méthodes de détection utilisées pour les études épidémiologiques d'incidence ou de prévalence peuvent entrer dans trois grandes catégories : les collectes de données systématiques, les études gouvernementales et les études épidémiologiques.
L'étude en population est la méthode la plus représentative mais elle est difficile du fait de son coût, des biais de réponse, des difficultés de formulation des questions, et de la certitude du diagnostic rapporté. A l'opposé, limiter la détection aux patients qui consultent dans un centre de santé expose aux risques de sous-estimation des cas.
Les données d'épidémiologie analytique permettent en outre une approche étiologique et de recherche de facteurs de risques de développer la maladie ou d'en développer une forme sévère. Ces données sont surtout obtenues à partir d'étude de cohortes de patients (1).
Rhumatismes inflammatoires : une vaste entité.
Les rhumatismes inflammatoires englobent les arthrites infectieuses, les arthrites microcristallines, les maladies générales (connectivites et vascularites essentiellement) et les rhumatismes primitifs (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthropahies, arthrites chroniques juvéniles et pseudopolyarthrites rhizomélique). Celles qui ont été les plus étudiées sont la polyarthrite rhumatoïde, les spondylarthropathies, et le lupus érythémateux disséminé.
Les principales données connues actuellement en France sont résumées sur le tableau I. En l'absence de renseignement en France, nous avons reporté le chiffre indiqué pour la Grande-Bretagne.
Il n'y a pas de données fiables concernant les rhumatismes infectieux et microcristallins, hormis la goutte, alors que les chiffres précis sont maintenant disponibles pour la plupart des rhumatismes inflammatoires chroniques et les vascularites.
Pour les maladies rares, les données d'incidence ont été beaucoup moins recherchées, compte tenu de la difficulté d'une telle recherche. En revanche, pour certaines maladies rares et graves telles que la sclérodermie et les vascularites, des données françaises ont pu être estimées dans un département grâce à une approche par capture-recapture.
Données épidémiologiques récentes.
Parmi les données les plus récemment mises en lumières, on retiendra :
- la prévalence quasi égale entre les deux grands groupes de rhumatismes primitifs que sont la polyarthrite rhumatoïde et les spondylarthropathies (qui englobent la pelvispondylite, le rhumatisme psoriasique, les arthrites réactionnelles, le rhumatisme des entérocolopathies et les spondylarthropathies indifférenciées) ;
- la prévalence quasi égale chez les hommes et chez les femmes des spondylarthropathies ;
- l'imprécision des données pour le syndrome de Gougerot Sjögren, essentiellement expliquée par la difficulté de réalisation d'une étude qui impose des examens invasifs (la sécheresse oculobuccale est fréquente, mais prouver l'origine auto-immune dans le cadre du syndrome de Gougerot Sjögren est difficile) ;
- des chiffres d'incidence proches pour les quatre grandes vascularites dont la rareté est confirmée.
Pour les pathologies les plus rares, il est intéressant de noter la distribution des arthrites débutantes (tableau II) obtenue dans une étude menée en milieu hospitalier, mais par recrutement dans la communauté, sur l'ensemble de la Bretagne. Ceci permet de constater la rareté des pathologies telles la maladie de Still,la polymyosite, le syndrome RS3PE par comparaison avec la polyarthrite rhumatoïde ou les spondylarthropathies.
Au total, l'épidémiologie des rhumatismes inflammatoires est de mieux en mieux connue dans le monde et en France, ce qui est indispensable pour les pouvoirs publics en termes de choix de stratégie de politique de santé publique et ouvre des portes à des projets de recherche s'appuyant sur une meilleure compréhension du rôle relatif de l'environnement et du terrain génétique.
* Service de rhumatologie, hôpital de la Cavale-Blanche, CHU de Brest.
alain.saraux@univ-brest.fr.
Incidence et prévalence des principaux rhumatismes inflammatoires en France (F) ou, en l'absence de données, en Grande-Bretagne (GB) (2-10) |
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Incidence | Prévalence | |
Arthrite septique | ? | ? |
Goutte | G-B : 11,9 à 18/100 000 | GB : 1,4 % |
Chondrocalcinose | ? | GB : 4,5 % |
Rhumatisme à hydroxyapatite | ? | ? |
Lupus érythémateux disséminé | GB : 4/100 000 (2,4-5,7) | GB : 24,7/100 000 (20,7-28,8) |
Syndrome de Gougerot-Sjögren | ? | GB : < 0,1 à >0,4 % des femmes selon les critères |
Sclérodermie | ? | F :158/1 000 000 (129-187) |
Vascularites : | ||
- Maladie de Wegener | ? | F : 23,7/1 000 000 (16-31) |
- Périartérite noueuse | ? | F : 30,7/1 000 000 (21-40) |
- Polyangéite microscopique | ? | F : 25/1 000 000 (16-34) |
- Maladie de Churg et Strauss | ? | F : 10,7/1 000 000 (- 17) |
Polyarthrite rhumatoïde | F : 8,8/100 000 | F : 0,31 % (0,18-0,48) |
(12,7/100 000 pour les femmes, | ||
4,7/100 000 chez les hommes) | ||
Spondylarthropathies | ? | F : 0.30 % (0,17-0,46) |
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