POUR LE Dr Marc Spielmann, chef du service d'oncologie médicale et de pathologie mammaire à l'institut Gustave-Roussy (Villejuif), « c'est une révolution. Dès que le trastuzumab obtiendra l'AMM - dans un premier temps en présence de tumeurs N+ puis, on peut l'imaginer secondairement chez les N- -, les 20 à 30 % de patientes atteintes de cancer du sein HER + pourront bénéficier de ce traitement qui diminue de 50 % environ le risque de récidive de cancer du sein à trois ans ».
Les résultats des deux premières études - NSABP-B31/NCCTG-N9831 - ont été analysées de façon combinée et ils ont été présentés, la semaine dernière, par le Dr Edith Perez (Etats-Unis), au congrès de l'Asco. Chacune de ces études incluait 3 000 patientes qui ont reçu une chimiothérapie par doxorubicine et cyclophosphamide, suivie de paclitaxel associé ou non avec du trastuzumab. « On savait déjà que cet anticorps monoclonal humanisé conçu pour cibler et bloquer la fonction de HER2, était efficace chez les femmes atteintes de cancer du sein métastatique HER2 +, mais son effet chez les patientes à un stade précoce de la maladie devait encore être prouvé », analyse le Dr Spielmann.
Curage ganglionnaire axillaire positif.
Pour être incluses dans l'un de ces deux essais, les femmes devaient présenter une forme invasive de la maladie, avec résection par tumorectomie ou mastectomie, et avoir subi un curage ganglionnaire axillaire positif. Étaient exclues de l'études celles présentant des métastases à distance, des pathologies hématologiques, hépatiques, rénales ou des neuropathies motrices ou sensorielles, et celles qui avaient déjà été traitées par anthracyclines ou taxanes. Par ailleurs, le statut HER + devait avoir été évalué par Fish et la fraction d'éjection systolique des malades devait être normale.
En moyenne, les femmes incluses étaient âgées de 55 ans, plus de 60 % d'entre elles présentaient de 1 à 3 N+, leurs récepteurs hormonaux ont été caractérisés (53 % de ER + et 41 % de PR +) et la taille moyenne des tumeurs était de 2,5 à 3 cm.
« La survie globale sans récidive a été de 87 % à trois ans dans le groupe trastuzumab contre 75 % dans le groupe contrôle. A cinq ans, ces chiffres ont été respectivement de 85 et 67 % (p = 3.10<+>-12<+>) pour l'ensemble des deux études. Pris séparément, les chiffres obtenus dans chacune de ces études étaient similaires », déclare le Dr Perez. Le délai de première récidive à distance était respectivement de 90 et de 81 % à trois ans et de 90 et 74 % à cinq ans. Sur les survies, les résultats se révèlent aussi positifs puisque le risque de décès est abaissé de 33 % à deux ans.
L'utilisation de trastuzumab s'est accompagnée d'effets indésirables cardiaques chez 4 % des patientes à trois ans, il s'agissait généralement d'une baisse de la fraction d'éjection ventriculaire qui était statiquement plus fréquente chez les femmes les plus âgées et chez celles dont la fraction d'éjection était déjà abaissée à l'entrée dans l'étude.
Survie sans récidive augmentée de 46 %.
La seconde présentation, celle du Dr Martine Piccart (Bruxelles), concernait l'étude HERA, un travail multicentrique qui comportait trois groupes : trastuzumab durant douze mois, durant vingt-quatre mois ou placebo. Les femmes incluses dans l'essai devaient surexprimer HER et avoir subi, outre la chirurgie, un traitement chimiothérapique néoadujvant et, si nécessaire, une radiothérapie. Dans les deux groupes trastuzumab, l'anticorps était délivré trois fois par semaine à la dose de 6 à 8 mg/kg. Environ 15 % des femmes étaient préménopausées, près de 50 % ménopausées et leur statut était incertain dans 37 % des cas. Près d'un tiers des femmes ne présentaient pas d'envahissement ganglionnaire, 30 % avaient de un à trois ganglions atteints et 30 %, enfin, plus de quatre ganglions. La moitié des femmes n'exprimaient pas de récepteurs hormonaux (estrogènes ou progestérone). « Les résultats de cette étude vont, en dépit d'un suivi moins long, dans le même sens que ceux présentés par le Dr Perez », analyse le Dr Spielmann. La survie sans récidive des femmes traitées pendant un an par trastuzumab est augmentée de 46 % et le risque de métastases à distance est, lui aussi, très significativement abaissé. Le traitement par trastuzumab a été interrompu chez 8,5 % des femmes, majoritairement en raison de l'apparition d'une baisse de la fraction d'éjection ventriculaire.
Pour le Dr Spielmann, « un suivi à plus long terme est maintenant nécessaire afin de mieux comprendre si le traitement permet d'éviter la rechute ou les métastases de façon définitive ou si ces événements ne sont que différés ».
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