JEAN GENET pensait sa pièce trop sulfureuse et complexe pour être représentée, mais il l'avait pourtant accompagnée de didascalies très précises que Sébastien Rajon interprète à sa façon en accentuant tout ce qui est rituel, représentation dans la représentation, bref en donnant à la « maison d'illusions » une place prépondérante. En en faisant le premier des protagonistes. La scénographie, les costumes, les maquillages, éclairages, l'usage du son et de la musique, tout ici est une manière, littéralement, de rebattre les cartes. Les images sont belles, les idées de mise en scène sont fortes, les rythmes essentiels dans cette pièce très longue et assez lourde, sont tenus.
Sébastien Rajon et son équipe, la troupe acte6, ont fait appel à un grand interprète qui a reçu il y a quelques années le prix Gérard-Philipe tant sa personnalité est forte, son talent certain.
Michel Fau est un familier de l'univers d'Olivier Py. Ici, il est au cœur du projet puisqu'il interprète Madame Irma, la patronne de la maison d'illusions, le Balcon. Il ne compose pas. Il est lui-même. Il ne cherche à aucun moment à faire oublier qui il est. L'illusion fonctionne complètement, si l'on peut dire.
Il y a dans la pièce une métaphore du style « la vie est un songe », le monde est un vaste théâtre. Une pièce baroque qui est plus spectaculaire que touchante. On admire le travail de cette jeune compagnie et le talent des uns et des autres, on contemple les scènes mais elles ne nous touchent pas vraiment. Cette froideur paradoxale est consubstantielle au texte de Jean Genet et le spectacle, tel quel, est intéressant.
Théâtre de l'Athénée, à 19 h le mardi, à 20 h du mercredi au samedi. Durée : 3 h avec entracte (01.53.05.19.19). Jusqu'au 11 juin.
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