LE SYNDROME hémolytique et urémique (SHU) est une complication chez l'enfant d'une infection à Escherichia coli producteurs de shiga-toxines (Stec). Il survient dans 10 % des cas après 8 à 10 jours d'évolution d'une diarrhée banale ou d'une colite hémorragique.
Le diagnostic est posé devant la survenue brutale d'une anémie hémolytique avec insuffisance rénale. Le SHU est, en effet, la principale cause d'insuffisance rénale aiguë chez l'enfant de moins de trois ans et sa létalité varie de 3 à 5 %. Plus d'un tiers des malades conservent des séquelles rénales à long terme. Chez l'adulte, la complication la plus courante est un purpura thrombotique thrombocytopénique.
En France, une surveillance du SHU chez l'enfant de moins de quinze ans a été mise en place en 1996. Elle repose sur un réseau de 31 services hospitaliers de néphrologie pédiatriques volontaires répartis sur tout le territoire métropolitain. Le Centre national de référence (CNR) des Escherichia coli et Shigella, créé en 2002, permet désormais de confirmer le diagnostic : mise en évidence d'anticorps sériques, isolement des souches de Stec ou détection par PCR de gènes codant pour les shiga-toxines à partir des selles. Le système n'a pas encore été évalué (il le sera cette année). Cependant, selon les auteurs de l'étude publiée dans le « BEH » (n° 42/2004) sur la surveillance 2002 et 2003, « son exhaustivité est probablement bonne, du fait de la rareté et de la gravité de la maladie, de la participation constante des pédiatres et du suivi des demandes de sérodiagnostic reçues ».
Moins de 1 cas pour 100.000.
Depuis 1996, 679 cas de SHU autochtones ont été notifiés dont 70 cas en 2002 et 90 en 2003. Les incidences annuelles, respectivement de 0,6 et 0,8 pour 100 000 enfants de moins de 15 ans, sont conformes à celles retrouvées depuis le début de la surveillance (moyenne annuelle de 0,74). Les valeurs sont également du même ordre que celles observées dans les pays européens qui possèdent un système de surveillance équivalent.
Les caractéristiques épidémiologiques du syndrome restent stables : une survenue majoritairement sous forme sporadique avec une recrudescence estivale, une association avec une diarrhée prodromique (sanglante dans plus de la moitié des cas), la prédominance du sérogroupe 0157.
L'infection à Stec n'est confirmée, par sérologie ou par coproculture tardive au moment du SHU, que pour 50 à 60 % des cas. « Cette proportion pourrait être améliorée par une recherche précoce dans les selles dès la survenue de la diarrhée. » La recherche, encore insuffisante, devrait être systématique en cas de diarrhée sanglante ou de SHU.
Les cas groupés sont plus rares, trois en 2002 (deux familiaux et un communautaire) et deux en 2003, tous les deux communautaires. Le dernier, en juillet, a touché deux enfants d'une même crèche dans le Tarn. L'absence d'autres cas de gastro-entérites était plutôt en faveur d'une transmission interhumaine plutôt qu'alimentaire. En effet, la bactérie responsable des SHU se transmet par voie alimentaire et par contact interhumain. Une transmission par contact avec des ruminants a déjà été décrite.
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