UNE DES CLEFS de la prévention de l'obésité infantile consiste à intervenir précocement sur les facteurs de risque susceptibles de favoriser sa survenue. Jusqu'à présent, l'essentiel des mesures de prévention ciblait un stade tardif, au moment où l'obésité est déjà installée. L'étude publiée dans le « BMJ » pourrait avoir des conséquences sur les stratégies de prévention. Elle montre en effet que, dès la vie intra-utérine, pendant l'enfance, les facteurs environnementaux jouent un rôle essentiel dans l'apparition d'une obésité à un âge ultérieur.
8 234 enfants.
L'étude porte sur un échantillon de 8 234 enfants âgés de 7 ans. Ces enfants, suivis depuis leur naissance, font partie d'une cohorte constituée entre avril 1991 et décembre 1992 qui a inclus 14 541 femmes enceintes. Parmi les facteurs de risque retrouvés, les auteurs ont mis en évidence le poids de naissance, l'obésité des parents, la durée de sommeil et le temps passé à regarder la télévision. Le risque d'obésité augmente si l'un des deux parents est obèse et, surtout, si les deux le sont. Un mécanisme génétique, des habitudes environnementales ou alimentaires familiales peuvent être en cause.
Dormir moins de onze heures par jour à l'âge de 3 ans favorise également l'apparition de l'obésité. Des facteurs hormonaux, la prise de nourriture à une heure tardive pourrait expliquer le mode de survenu de l'obésité. La réduction du temps de sommeil pourrait aussi être le signe d'un manque d'activité physique, comme dans le cas de la télévision qui favorise la sédentarité. Un enfant de 3 ans qui passe plus de huit heures par semaine devant l'écran a un risque élevé d'être obèse à 7 ans.
Une analyse plus fine effectuée sur un sous-groupe de 909 enfants a permis d'identifier d'autres facteurs, tels qu'un écart par rapport à la courbe de croissance observé précocement à 8 à 18 mois, un gain rapide de tissu adipeux avant 4 ans, un prise de poids élevé dès la première année de vie.
Les chercheurs ont éliminé des facteurs comme le sexe, la saison de naissance, l'âge gestationnel, le nombre de fœtus, l'âge du sevrage, le nombre de frères et sœurs, l'âge de la mère, l'origine ethnique ou le temps passé en voiture. Aucun de ces facteurs mesurés à un âge précoce n'a favorisé l'apparition d'une obésité à 7 ans. En revanche, un doute persiste sur l'allaitement maternel. Une analyse univariée tendrait à montrer qu'il aurait un effet protecteur, mais n'a pas ensuite été confirmé. Les auteurs n'ont pas non plus retrouvé d'association entre le régime alimentaire adopté à l'âge de 3 ans et le fait d'être obése à 7.
IPod contre nourriture saine.
En attendant les changements de stratégie de prévention que suggère cette étude, les autorités sanitaires tentent d'imposer des mesures incitatives pour encourager les plus jeunes à avoir une alimentation saine ou à faire plus d'exercices.
En Ecosse par exemple, les collégiens de Glasgow qui renoncent aux hamburgers et aux frites pour des aliments plus sains peuvent gagner des iPods ou des consoles de jeux. Munis d'une carte à puce, ils sont crédités de points à chacun de leurs repas à la cantine. Plus le repas choisi est sain, plus le nombre de point est important. Un iPod (20 GB) correspond par exemple à cent repas composés d'une soupe, d'une pita farcie aux légumes, d'un yaourt et d'une boisson lactée. Le programme, qui a déjà été testé avec succès dans trois collèges de Glasgow, va être étendu dans les vingt-neuf établissements de la ville.
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