DÉCIDÉMENT il y a des moments de grâce au théâtre ces temps-ci et parmi les instants les plus forts que l’on puisse partager actuellement, il y a cette nouvelle version du « Dépeupleur », de Samuel Beckett, par Michel Didym. Le texte a été très marqué par l’interprétation du regretté David Warrilow. Michel Didym l’avait déjà joué, il y a dix ans, là même où il le reprend, à l’Athénée.
Dans un décor remarquable de Jacques Gabel, ébauche de cylindre, blancheur, le tout habité par d’étranges et minuscules figures de fil de fer, personnages, échelles, des sculptures à la Giacometti. Un dispositif simple, mais qui permet d’être immédiatement conduit vers Dante, vers Bosch, comme nous y incite ce récit étrange et très prenant, assez sarcastique et désespéré.
Michel Didym s’est composé un personnage : une jaquette de cérémonie, d’immenses chaussures de clown, une moustache noire. Il est entre Charlot, Kafka, les figures de Bruno Schulz. Dirigé amicalement par Alain Françon, il trouve la juste hauteur de ton, la manière, le rythme qui conviennent. Il y a en lui la paix de l’entomologiste mais la vivacité d’un manipulateur assez cruel : cette rotation des êtres pris dans le cylindre, le va-et-vient des échelles, les niches, les alvéoles, tout cela ne constitue-t-il pas une description de la vie même, comme un enfer dont on ne s’échappe pas ? Et pourtant l’on rit... C’est du grand Beckett métaphysique, l’humour ne colmate pas les brèches de l’angoisse existentielle. Mais l’on se « divertit » en écoutant Michel Didym dans une performance remarquable.
Théâtre de l’Athénée, salle Christian-Bérard, à 19 h le mardi, à 20 h du mercredi au samedi, à 16 h le dimanche, à 15 h le samedi 2 décembre. Jusqu’au 9 décembre (01.53.05.19.19). Texte aux Editions de Minuit.
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