30 ans après sa mise au point, l’IVG médicamenteuse représente la moitié des interruptions volontaires de grossesse réalisées en France. Une progression importante, alors qu’il y a huit ans, elle ne comptait que pour 30 % d’entre elles. Pour autant, certains spécialistes estiment qu’en France, on pourrait davantage recourir à cette technique. L’IVG médicamenteuse peut-être pratiquée jusqu’à la fin de la 7e semaine d’aménorrhée en ville et jusqu’à 9 semaines en établissements de santé. Aujourd’hui, 91 % des IVG -quellle que soit la modalité utilisée- ont lieu dans un établissement de santé et 9 % seulement en ville (cabinets médicaux et PMI). Pour autant, la progression de l’IVG médicamenteuse est certainement à relier avec l’autorisation des IVG médicamenteuses en ville depuis 2004. Une pratique qui s’est surtout développée dans les zones de forte demande : Ile-de-France, Aquitaine, Rhône-Alpes et PACA. Dans un quart des cas, elle est réalisée par un médecin généraliste. Mais en moyenne, les généralistes qui pratiquent des IVG médicamenteuses en réalisent seulement 3,8 par an.
« Dans le cadre d’une IVG médicamenteuse, les patientes sont mieux entourées, mieux prises en charge psychologiquement que dans le cadre d’une IVG chirurgicale » a estimé le Pr Israël Nisand (photo) devant la presse lundi matin avant l’ouverture d’un colloque « IVG sujet privé/débat public ». Le chef du département de gynécologie obstétrique des hôpitaux universitaires de Strasbourg regrette que les femmes n’aient pas toujours le choix de la méthode. Selon lui, beaucoup d’établissements les contraignent à l’IVG chirurgicale, car au-delà de huit semaines, le médicament ne possède pas d’AMM. « À Strasbourg, les médecins laissent le choix entre les deux méthodes jusqu’au délai légal de l’IVG de 14 semaines, explique le Pr Nisand. 95 % des femmes choisissent alors l’IVG médicamenteuse ».
Le spécialiste strasbourgeois plaide également pour une meilleure prévention des grossesses non désirées chez les mineures, alors que les IVG chez les jeunes filles continuent d’augmenter. « Il n’y a pas assez d’information sur la sexualité à l’école, accuse le Pr Nisand. En outre, il n’y a toujours pas de confidentialité de la contraception chez les mineures, alors qu’elles peuvent obtenir la pilule du lendemain et une IVG sans l’autorisation des parents ».
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