LE 3 MAI 1999 naissait la première Maison de l’adolescent, au Havre (Seine-Maritime), à l’initiative du groupe hospitalier de la ville. Depuis, la formule, qui allie la psyché au soma avec des prises en charge individuelles ou de groupe, a fait des émules : à Marseille, Valence (Drôme), Bordeaux, Reims, à Bobigny (Seine - Saint-Denis), Beauvais (Oise), Besançon (Doubs), Paris, la Réunion et Papeete. Et l’idée fait son chemin dans d’autres villes : Rouen, Caen, Poitiers, Strasbourg, Montfermeil, Toulouse, Fontainebleau, Mâcon, Dax, Pontoise et Rennes. Les maisons du Havre, de Bordeaux, de Reims, de Paris (Solenn) et de Valence sont constituées en services hospitaliers ; celles de Marseille, de Beauvais et de Besançon, qui bénéficient d’un financement du conseil départemental ou régional, sont davantage tournées vers le social, comme Papeete ; et celles de la Réunion et de Bobigny ont un parrainage départemental et hospitalier. L’adolescent qui est accueilli (60 % de filles) est âgé en moyenne de 15 ans et souffre de troubles de l’humeur ou de manifestations anxieuses ou comportementales aiguës. Une fois sur quatre, il se présente spontanément à l’équipe composée de soignants, d’éducateurs et d’enseignants. «On peut parler d’un succès», dit le Pr Marcel Rufo, chef de service de la Maison de Solenn à Paris (rattachée à l’hôpital Cochin). «Si on fait partir l’adolescence à la classe de 6e, cela toucherait potentiellement 7millions de jeunes âgés de 11 à 19ans, voire 11,9millions en incluant les 20-25ans!» «Un autre atout» vient de ce que ces structures se situent au «confluent de disciplines médicales comme la pédiatrie, la pédopsychiatrie, la médecine générale, la gynécologie, l’endocrinologie, la dermatologie, la médecine interne, la réanimation (anorexie) et même la chirurgie plastique», relève le bouillonnant pédopsychiatre, marseillais de coeur, qui a impulsé l’ouverture en mai 2004 d’une Maison de l’adolescent dans la cité phocéenne, dirigée par le Dr Guillaume Bronsard*. Il n’en fallait pas plus pour que Le Havre organise le 1er Congrès national des Maisons de l’adolescent, les 21 et 22 septembre**. En décembre 2005, la Maison de Solenn avait ouvert la voie en réunissant tous les acteurs de terrain. Jeudi et vendredi prochains, Marcel Rufo sera aux côtés de son confrère havrais Alain Fuseau pour défendre le concept de la Maison de l’adolescent.
«Les gens veulent avoir un lieu par département où ils pourront adresser un adolescent en évaluation ou en hospitalisation.» Les jeunes eux-mêmes confirment le bien-fondé des maisons, «car ils ne souhaitent pas se retrouver ni avec les plus petits ni aux côtés des plus grands», souligne Marcel Rufo. Espace d’information, d’éducation à la santé et d’évaluation, la Maison de l’adolescent ne procède en moyenne qu’à une hospitalisation sur cent consultations. Le patient est un collégien, un lycéen ou un étudiant, qui continue à vivre. D’où la nécessité de mettre à sa disposition des «soins culturels». Ici, la maison s’enrichit d’une médiathèque, là de salles de musique, de radio et de théâtre, en fait, «de tout ce qui constitue le jeu psychique» de l’ado, y compris le portable, qui n’est pas prohibé. «Il s’agit d’une hospitalisation du dedans et du dehors, en alliance avec la famille», si possible, dit Marcel Rufo. A Solenn, l’existence d’un centre d’action thérapeutique partiel (Cattp), sorte «d’hôpital de jour séquentiel», offre la solution «la plus légère et la mieux adaptée à la médecine de l’adolescence». Un jeune en suivi psychothérapique, par exemple, y viendra deux demi-journées par semaine, profitant de l’atelier de musique, tandis que ses parents participeront à un groupe de parole.
Une nouvelle discipline est en marche. Les étudiants en pédiatrie en apprécient déjà le champ clinique, puisqu’ils viennent dans les Maisons de l’adolescent pour valider leur formation. «Il serait temps de lui consacrer un diplôme d’études spécialisées complémentaires, d’une durée d’un ou deux ans», conclut le Pr Rufo.
* Outre cette structure, Marseille dispose depuis 1999 de l’espace Arthur réservé aux adolescents, dans le cadre de l’hôpital de la Timone. ** Fax 01.53.53.41.52, p.martins@beaufixerp.com.
La Maison de Solenn (Paris)
–17 temps médicaux, dont 6 PH, 3 chefs de clinique, 4 internes et des vacataires ; 50 infirmiers, 5 psychologues, 5 enseignants (philosophie, arts plastiques, musique, français, sport).
–32 000 actes, 370 hospitalisations et 350 suivis en Cattp, en 2005.
– De 1 300 à 1 500 consultations par mois (adolescents et famille), dont plus de 80 % spontanées.
– 65 % de filles, 35 % de garçons.
– Provenance : 45 % Paris intra-muros, 35 % banlieue et 15 % régions.
– Dans la capitale, d’autres maisons sont implantées à la Salpêtrière, à Montsouris et à Robert-Debré, et une cinquième dépend de la Fédération des étudiants de France.
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