L'EXCES de tissu viscéral adipeux est à l'origine d'une multitude d'anomalies métaboliques et vasculaires conduisant à une augmentation sensible du risque cardio-vasculaire. Ces anomalies sont regroupées sous le terme de syndrome métabolique, dont la définition a évolué au cours du temps.
Actuellement la définition retenue est américaine. Le syndrome métabolique comprend au moins trois éléments parmi les suivants : élévation du tour de taille supérieure à 102 cm chez l'homme et à 90 cm chez la femme, pression artérielle supérieure à 130/85 mmHg, glycémie supérieure à 1,10 g/l, taux de HDL cholestérol inférieur à 0,40 g/l, taux de triglycérides supérieur à 1,50 g/l.
Une approche plus simple a été développée au Canada par le Pr Jean-Pierre Despres, qui s'appuie sur le tour de taille hypertriglycéridémique (tour de taille supérieur à 90 cm et triglycérides supérieurs à 1,50 g/l).
En France, les critères américains ont été retenus, mais les seuils sont différents.
Les limites du tour de taille proposées sont de 95 cm chez l'homme et de 85 cm chez la femme, le niveau de la glycémie reste identique, à 1,10 g/l, celui de la pression artérielle est légèrement différent, à 140/90 mmHg, tandis que les niveaux de triglycérides supérieurs à 1,50 g/l et/ou de HDL inférieurs à 0,40 g/l chez l'homme et 0,50 g/l chez la femme restent identiques.
Avec cette définition proposée par le Pr Tichet (Tours), la prévalence du syndrome métabolique dans la population masculine française serait de 13,2 % et de 8,7 % chez la femme.
Les critères de choix qui ont présidé à cette définition sont un taux de prévalence réaliste dans la population, une association de ces critères avec un taux d'insuline élevé, une augmentation de l'insulinémie au cours du suivi chez les porteurs de ce syndrome.
Une mesure systématique.
Le paramètre le plus corrélé à l'insulinémie et aux anomalies du syndrome métabolique est l'élévation du tour de taille. Celle-ci, en tant que marqueur de ces anomalies, est retrouvée quelles que soient les définitions et quelles que soient les populations. Il s'agit donc d'un instrument particulièrement utile qui devrait être employé systématiquement chez tout patient suspect de risque de diabète ou de maladie cardio-vasculaire.
Afin de réduire le poids des anomalies lipidiques dans la définition du syndrome, un seul critère est retenu : HDL bas et/ou triglycérides élevés.
Cette démarche est pragmatique pour permettre une nécessaire reconnaissance de la pathologie et de sa prise en charge. C'est d'ailleurs la thèse défendue par le Pr Charbonel, qui évoque plus une adiposopathie qu'un syndrome métabolique. Cette pathologie liée à l'excès de graisses viscérales se traduit par une insulinorésistance et une élévation du tour de taille.
Afin de pouvoir proposer une prise en charge cohérente reconnue par les médecins et les patients, il est nécessaire d'avoir une définition, même si celle-ci est très largement imparfaite et ne recouvre pas l'ensemble de la pathologie et des seuils.
Un outil simple.
L'intérêt de la définition actuelle du syndrome métabolique est de prédire le risque de diabète (multiplié par 3,5) et de maladies cardio-vasculaires (multiplié par 2).
Si l'identification du syndrome métabolique ne semble pas avoir d'avantages prédictifs supérieurs aux facteurs de risque traditionnels, il permet une reconnaissance nosologique d'un phénomène dont l'anomalie primaire est l'excès de graisses dans les adipocytes périviscéraux. Ces définitions permettent de désigner un substratum étiopathogénique à l'association de facteurs de risque.
En conclusion, pour le Pr Charbonel, la définition du syndrome métabolique a pour intérêt d'être un outil simple pour repérer les situations à double risque, cardio-vasculaire et diabétologique. Elle désigne des situations de risque cardio-vasculaire globales incluant des facteurs de risque non traditionnels, inflammatoires, thrombotiques, lipoprotéiques. Elle suggère un mécanisme commun : insulinorésistance et lipotoxicité.
Elle désigne et repère l'adiposopathie constituée par un excès de graisses viscérales, mais aussi hépatique, musculaire et pancréatique.
D'après les communications de : B. Balkau (Inserm Villejuif), F. Bonnet (Lyon), J.Tichet (Tours), B. Charbonnel (Nantes), Bergman (Los Angeles)
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