UNE MICROBIOLOGISTE du service du Pr Patrice Nordmann, à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, a été infectée par une souche de staphylocoque doré résistant à la méthicilline (sarm) sur laquelle elle effectuait des recherches en laboratoire. La chercheuse de 37 ans, indemne de toute lésion cutanée au niveau des mains et après avoir pris toutes les précautions requises pour la manipulation de souches microbienne virulentes, a d'abord présenté une infection péri-unguéale aiguë du majeur gauche. Après drainage chirurgical, elle a été traitée par antiseptiques locaux : bains quotidiens de doigt dans une solution à 5 % de povidone-iodine durant deux semaines. Parce qu'un écoulement de pus persistait au niveau de la cicatrice, le traitement local a été intensifié (bain de doigt deux fois par jour dans une solution de chlorhexidine et pansement humide à base de cette solution tout au long de la journée durant une semaine). En dépit de ce traitement, une nouvelle intervention chirurgicale a été pratiquée. La culture de pus a permis d'identifier un staphylocoque doré méthicilline résistant. A l'antibiogramme, l'isolat s'est révélé - tout comme la souche sur laquelle la microbiologistes travaillait - résistant à l'oxacilline et la kanamycine, intermédiaire à l'acide fucidique et sensible à la tobramycine, la rifampicine et les fluoroquinolones. Le prélèvement bactériologique nasal a aussi permis de détecter cette souche productrice de leucocidine chez la patiente, alors que pour tous les autres membres du laboratoire et de sa famille le test est resté négatif.
Le traitement prescrit alors comprenait de la ciprofloxacine (1 000 mg par jour) et de la rifampicine (25 mg/kg/j) pendant un mois associé à une décontamination nasale par mupirocine trois fois par jour et lavage total du corps deux fois par jour en utilisant de la chlorhexidine à 4 %. A l'issue des quatre semaines de traitement et en raison de la négativation des prélèvements bactériologiques, la microbiologiste a pu reprendre le travail.
Au cours du travail.
Une électrophorèse comparative des deux souches de sarm (celle de la patiente et celle sur laquelle elle travaillait) a permis de conclure à une contamination au cours du travail. Pour le Pr Nordmann, « ce cas devrait inciter à adopter des mesures de précaution encore plus strictes afin d'éviter les risques de contamination du personnel ».
« New England Journal of Medicine », vol. 352, 14, pp: 1489-1490, 7 avril 2005.
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