La carcinose péritonéale devient une spécialité à part entière de l’oncologie digestive. Ainsi, un congrès international a accueilli en septembre à Paris 1 000 spécialistes de ce domaine et l’ISSPP (International Society for the Study of Pleura and Peritoneum) a vu le jour afin de coordonner les recherches sur la plèvre et le péritoine basées sur la similitude entre les deux organes. Un premier projet européen sur les pseudo-myxomes péritonéaux vient d’être lancé.
Une survie prolongée de 12 mois avec la CHIP
La CHIP en peropératoire, maintenant bien standardisée a marqué un tournant dans la prise en charge de la carcinose péritonéale en réduisant sa mortalité. Actuellement, elle est pratiquée dans au moins une vingtaine de centres en France et concerne plus de 1 000 patients par an. Dans la CHIP « à la française » utilisant l’oxaliplatine à 43 °C, la principale complication est le risque d’hémorragie postopératoire nécessitant une réintervention (15 à 20 % dans la vraie vie), les autres évènements indésirables découlant de la plus longue durée de l’intervention. On voit moins d’insuffisance rénale depuis qu’on utilise des néphroprotecteurs au préalable. Quant à la qualité de vie, elle diminue après la chirurgie avec ou sans CHIP, pour récupérer en 3 à 4 mois et elle dépend largement du choix de l’équipe en peropératoire entre impératifs carcinologiques de la résection et risque de séquelles fonctionnelles ultérieures.
Une étude prospective randomisée a marqué l’année 2018 en démontrant chez des patientes atteintes de cancer de l’ovaire stade III, qu’après chimiothérapie, l’association de la CHIP à la chirurgie augmentait d’un an la survie par rapport à la chirurgie seule avec une tolérance relativement bonne (1). La CHIP (100 mg/m2 de cisplatine) a été réalisée avec une hyperthermie modérée (40 °C) mais prolongée (90 minutes).
Pour une prise en charge en centre d'expertise
En ce qui concerne le cancer du côlon, une étude française récente PRODIGE-7 a randomisé la résection chirurgicale associée ou non à la CHIP. Globalement, elle est considérée comme négative puisque la survie est identique dans les deux groupes. La CHIP n’est supérieure que chez un sous-groupe de patients, celui ayant une carcinose péritonéale d’étendue intermédiaire, mais pas en cas de carcinose limitée ou généralisée. « Par contre, l’étude PRODIGE apporte des preuves fortes en faveur de la prise en charge dans un centre d’expertise de carcinose péritonéale, puisque la survie globale est de 42 mois dans les deux groupes, ce qui n’avait jamais été observé, alors que la survie sous chimiothérapie seule n’excède pas 12 mois » souligne le Pr Pocard.
Dans les métastases péritonéales secondaires à un cancer de l’estomac, il est vraisemblable que la CHIP amènerait un bénéfice, mais on ne dispose d’aucune preuve actuellement.
« Mais si sur le plan scientifique, nous avons réellement avancé, le système de santé ne suit pas dans la chirurgie des cancers avancés » déplore le spécialiste. « La CHIP n’est pas prise en charge (20 000 à 30 000 euros et 7 heures d’immobilisation du bloc opératoire), et surtout rien n’est fait pour que les patients soient adressés dans les centres de référence ».
D’après un entretien avec le Pr Marc Pocard, Chirurgie Digestive et Cancérologique, Hôpital Lariboisière
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