SEIZE PERSONNES ont été hospitalisées après avoir ingéré les gélules d’extraits de thyroïde fabriquées par la pharmacie parisienne, qui a, depuis, été fermée provisoirement. Deux d’entre elles ont pu quitter l’hôpital. D’autres ont eu moins de chance : cinq patients ont été placés en service de réanimation et une femme est décédée. Un bilan d’autant plus dramatique qu’une telle prescription ne trouve pas de justification aux yeux des spécialistes. Ni pour maigrir ni pour suppléer une carence en hormone thyroïdienne.
Les gélules d’extraits thyroïdiens ne représentent pas «un traitement indiqué dans l’obésité, c’est simplement interdit», affirme le Pr Arnaud Basdevant, chef du service de médecine et de nutrition de l’Hôtel-Dieu, à Paris. «Les hormones thyroïdiennes provoquent un amaigrissement pathologique avec fonte des muscles et notamment du myocarde», ajoute le Pr Philippe Bouchard, président de la Société française d’endocrinologie (SFE), qui souligne, lui aussi, que le traitement par hormone thyroïdienne dans un but d’amaigrissement n’est pas autorisé. Quant à l’utilisation de ces préparations en cas d’hypothyroïdie, le Pr Bouchard rappelle que même si les extraits thyroïdiens ont rendu d’immenses services aux patients pour traiter cette maladie, on n’utilise plus de nos jours d’extraits de glande animale, mais de la L-thyroxine.
Le Dr Marc Girard, pharmacologue et expert judiciaire, estime pour sa part que le retrait du marché des produits anorexigènes en 1997, bien que justifié, a malheureusement conduit certains prescripteurs à se tourner vers des pratiques illégales. Et dangereuses.
Précision de l’Ordre des médecins de Paris
Faisant suite à différentes demandes d’information concernant le médecin mis en cause dans la prescription des produits distribués par la pharmacie du 17e, le conseil départemental de la ville de Paris de l’Ordre des médecins tient à préciser que ce praticien est régulièrement inscrit au tableau de l’Ordre, et qualifié depuis 1981 en tant qu’endocrinologue nutritionniste. Il a été reçu par le président et par le secrétaire général de l’Ordre de Paris, les Drs Didier Rougemont et Hervé Boissin.
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