C’EST UN ÉNORME bus blanc frappé, sur ses flancs, d’une large inscription bleue : Novo Nordisk is changing diabetes. Après un périple en Europe du Nord, il a stationné, en France, à Chartres, à Lyon, à Paris, à Lille et doit finir son périple à New York le 14 novembre devant le siège de l’ONU. Cette initiative permet aux passants des différents pays visités de s’informer sur le diabète grâce à des écrans vidéo présentant des témoignages, et même à faire tester leur glycémie. Mais elle a avant tout pour objectif de recueillir des signatures afin que l’ONU prenne une résolution en faveur de la lutte contre le diabète.
Ce lobbying original voulu par l’IDF (International Diabetes Federation) est soutenu par les Laboratoires Novo Nordisk, leader dans les produits et les dispositifs du traitement du diabète.
Pourquoi cette mobilisation ? Parce que la maladie devient une épidémie, affirment les spécialistes. Elle touche, aujourd’hui, plus de 230 millions de personnes dans le monde, 350 millions devraient êtres atteintes en 2035.
Autre nombre inquiétant : le diabète est, chaque année, directement à l’origine du décès de 3 millions de malades. Avec ses complications cardio-vasculaires, les troubles des lipides et l’hypertension, il fait encore un plus grand nombre de victimes.
Un décès toutes les dix secondes.
D’après l’IDF, toutes les 10 secondes, un habitant de notre planète meurt à cause du diabète. Et, contrairement à une idée reçue, il ne vit pas forcément dans les pays les plus riches : «Le diabète concerne de 12 à 20% de la population adulte dans de nombreux pays d’Asie, du Moyen-Orient, d’Océanie et des Caraïbes.» Avec un taux de prévalence de 8 %, l’Inde recense le plus grand nombre de malades : quelque 35 millions. En Chine, où 2,7 % de la population semble atteinte, on prévoit 50 millions de diabétiques en 2025. Il s’agit dans 90 à 95 % de cas de diabètes de type 2. Dont les conséquences sont dramatiques faute de recommandations et de soins appropriés.
Problèmes cardiaques, défaillances rénales, cécité, lésions des nerfs, amputation... provoquent des handicaps et une mort prématurée. Le diabète de type 1, qui affecte particulièrement les jeunes, paraît lui aussi augmenter de manière alarmante, à un rythme estimé à 3 % par an. Or il exige un traitement par l’insuline souvent trop coûteux (ou inexistant) pour les populations locales.
Franck Vinicor, directeur de la division diabète aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC), aux Etats-Unis, estime que le coût mondial des soins médicaux qui s’élèvera, en 2007, entre 215 et 375 milliards de dollars, pourrait bondir à 411 milliards dans les vingt prochaines années. «Dans de nombreux pays, les budgets alloués à la santé ne sont tout simplement pas suffisants pour dispenser les soins de base. Comme le diabète se répand plus rapidement dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés, ce sont les économies émergentes qui supporteront le plus gros des coûts futurs. Or, dans les vingt ans à venir, près de 80% des cas de diabète seront localisés dans des pays à bas et moyens revenus.»
En Amérique latine et dans les Caraïbes.
Déjà, en Amérique latine et dans les Caraïbes, les médicaments destinés à réduire le taux de sucre dans le sang représentent 50 % des dépenses de santé.
En ce qui concerne le diabète de type 1, des études conduites en Afrique montrent qu’un jeune ayant besoin d’insuline survit onze ans en moyenne en Zambie, trente mois au Mali et douze mois au Mozambique. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, avait déclaré : «Je souhaite que la santé soit enfin considérée non plus comme une bénédiction que l’on espère, mais comme un droit de l’homme pour lequel on se bat.» Son successeur, Ban Ki Moon, qui prend ses fonctions en janvier prochain, aura-t-il la même philosophie ?
L’IDF, qui mène campagne pour que l’organisation prenne une résolution sur le diabète, fléau de santé publique aux lourdes conséquences humaines et économiques, le souhaite. Réponse le 14 novembre, à New York, à l’occasion de la Journée mondiale du diabète.
Un forum et un salon
La 16e Journée mondiale, célébrée le mardi 14 novembre, a pour thème le diabète chez les personnes défavorisées et vulnérables. A cette occasion, l’Association française des diabétiques (AFD) propose, à son siège parisien (88, rue de la Roquette), un forum international, le 14 de 10 heures à 18 heures. Conférences, tables rondes, reportages et visioconférences avec plusieurs pays aborderont le diabète dans sa dimension sociale à travers le monde. L’AFD organise également le Salon du diabète, qui se tiendra du 16 au 18 novembre, à l’espace Charenton. Au programme, des conférences et des ateliers. Entre autres : comment préparer les consultations clés, les déchets de soins, la consultation diététique, l’activité physique...
Forum gratuit sur réservation au 01.40.09.68.57, service.communication @afd.asso.fr ; salon, entrée gratuite. Site www.afd.asso.fr.
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