DE TOUTES les pièces de Georges Feydeau, « Un fil à la patte » est sans doute l’une des mieux « ficelées », des plus efficaces, des plus drôles. Elle a constitué pour la troupe de la Comédie-Française, l’un des plus grands succès de son histoire, dans les années 1960, du temps de Jacques Charon, qui en avait signé la mise en scène. La création d’un Bouzin survolté et presque « shakespearien » par Robert Hirsch a fait entrer cette production dans la légende. Celle que l’on présente actuellement est faite pour demeurer vingt ans à l’affiche ! Jérôme Deschamps déploie en effet toutes les ressources de son art et de sa culture. Une culture Comédie-Française d’abord.
Rappelons rapidement l’argument. Bois d’Enghien (Hervé Pierre) est de retour chez sa maîtresse Lucette (Florence Viala) après quinze jours d’absence. Il a pris son courage à deux mains, il va lui annoncer qu’il rompt. Le soir même, il se marie avec la jeune Viviane (Georgia Scalliet). Mais il succombe au charme de sa chanteuse de café-concert pour le plus grand bonheur de la sœur vieille fille (Claude Mathieu), de sa copine Nini (Céline Samie), qui, justement, a trouvé un beau parti, de ses amis, Fontanet (Serge Bagdassarian) et le tendre pique-assiette Cheneviette (Guilaume Gallienne). Tout le monde lit « le Figaro » … et justement, on y annonce le mariage de Bois d’Enghien… Trois autres personnes se présentent. Le Général Irrigua à fort accent et grande passion pour Lucette (Thierry Hancisse), la Baronne (Dominique Costanza), qui voudrait que Lucette chante pour le mariage de sa fille, Bouzin (Christian Hecq), clerc de notaire et rimailleur qui voudrait caser des chansons à la belle.
Course-poursuite.
Ajoutons quelques mensonges générateurs de cascades de quiproquos, quelques jolies surprises de distribution et tout est en place pour que l’on assiste à la plus folle des courses-poursuites. Dans un décor sobre et efficace de Laurent Peduzzi, des costumes superbes d’inventivité et de couleurs de Vanessa Sannino, qui signe aussi les maquillages, quinze comédiens survoltés et autant de figurants jouent la pièce, telle qu’elle est composée, et ajoutent la petite note propre à Jérôme Deschamps. Il fut, entre 1974 et 1976, pensionnaire de la Comédie-Française. Il y joua Claudel avec Vitez. Il aime et admire la maison. Il en sublime toutes les qualités tout en y mettant sa couleur burlesque et noire assez bien condensée dans le personnage de Bouzin, dont Christian Hecq fait une composition à la fois inquiétante et digne d’un dessin animé. Une formidable production, très intelligente, belle et d’une drôlerie sans baisse d’intensité deux heures trente durant. À réserver d’urgence !
Comédie-Française, salle Richelieu (tél. 08.25.10.16.80), à 20 h 30 ou à 14 heures, en alternance jusqu’au 18 juin. Durée : 2 h 40 entracte compris. Les œuvres complètes de Feydeau sont publiées dans l’édition d’Henry Gidel (Garnier). Lire « les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française », numéro spécial Feydeau. À signaler aussi un coffret Georges Feydeau avec 5 DVD, contenant six pièces jouées par les Comédiens-Français, dont « le Dindon », « la Dame de chez Maxim », « Un fil à la patte » version 1961, Éditions Montparnasse, 40 euros.
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