« Battuta », de Bartabas, par Zingaro

Voltiges au grand galop

Publié le 14/11/2006
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AU CENTRE de la piste, sous le chapiteau dans lequel on pénètre alors qu’il est plongé dans la pénombre, une colonne d’eau qui ne cesse de couler, une heure trente durant, magiquement. Déjà des chevaux se devinent, seuls et sans harnachement, dans la beauté lustrée de leurs robes claires ou sombres. Course libre et toujours fascinante qui fait place au spectacle lui-même : une ouverture de voltiges époustouflantes, soutenues par le double mouvement de la musique, le dialogue de deux formations. D’un côté, les dix musiciens de la fanfare moldave Shukar de Zece Prajini et leurs cuivres et de l’autre les cinq interprètes du Taraf transylvanien de Cluj-Napoca avec leurs cordes.

La couleur est celle de l’Europe centrale, la couleur est au voyage, aux gens du voyage, aux Roms venus de Roumanie. « Battuta » a plusieurs sens : battue, pulsion en roumain, battue et blague en italien, baguette de chef en espagnol... et renvoie aussi, souligne Bartabas, au voyageur marocain du XIVe siècle, Ibn Battûta...

Bartabas, qui n’est pas seulement un cavalier exceptionnel et un homme de grands horizons imaginatifs, mais qui est un esprit très cultivé, qui lit, qui connaît les musiques du monde, les traditions, a choisi pour « Battuta » de revenir aux origines de son nom de Zingaro. Liberté du monde, liberté du mouvement. S’il y a une couleur dominante, ici, ce serait à la manière des plus beaux films d’Emir Kusturica. Dans l’emportement du galop, du très grand galop, seize cavaliers, voltigeurs éblouissants, garçons comme filles, nous subjuguent, nous étonnent. Il y a 35 chevaux et l’âne Narthex, quelques chiens, un ours qui joue les séducteurs, une oie dont les ailes sont déployées, rappel des premières images du Théâtre équestre Zingaro. C’est du grand spectacle, beau et plein d’imagination que l’on partage dans l’amitié.

Théâtre équestre Zingaro au fort d’Aubervilliers, à 20 h 30. Du mardi au samedi. Relâche les lundi et jeudi. Dimanche en matinée à 17 h 30.
Jusqu’au 14 février. A noter le très beau programme avec les photos d’Antoine Poupel et les textes de François Gründ et André Velter. A voir, également, une exposition des photos d’Antoine Poupel à l’Espace photographique de La Scène Watteau, Nogent-sur-Marne, jusqu’au 25 novembre. (01.48.39.18.03)

> ARMELLE HÉLIOT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8051