SOIREE sage et tranquille pour Xavier Bertrand à Franconville.
Le secrétaire d'Etat à l'Assurance-maladie, qui avait inauguré dans l'après-midi le tout nouveau centre d'imagerie médicale de cette ville du Val-d'Oise, où secteurs privé et public cohabitent en toute harmonie, a profité de l'occasion pour porter ensuite la bonne parole, défendre et expliquer la réforme de l'assurance-maladie.
Face à un public composé de praticiens et de patients, souvent avisés, le ministre a rappelé une nouvelle fois l'importance d'une réforme qui s'imposait, faute de quoi, le système explosait. « Car qu'avons-nous trouvé, Philippe Douste-Blazy et moi-même, lorsque nous somme arrivés au gouvernement il y a juste un an ? s'est exclamé le ministre. Un déficit de 13 milliards d'euros de l'assurance-maladie. Insupportable. A la fin 2004, la dette cumulée s'élevait à 35 milliards d'euros. Il fallait agir. »
Fort de ce constat, Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand ont pris le taureau par les cornes et ont donc élaboré une réforme propre à stopper l'hémorragie des déficits et à sauver du naufrage le bateau de la Sécu.
« Une réforme, a encore martelé Xavier Bertrand, qui ne comporte aucune mesure de déremboursement, contrairement à ce qui se pratiquait jusqu'alors, et qui organise le système de soins autour de deux innovations essentielles : le médecin traitant et le dossier médical personnel » (qui n'est pas le dossier personnel de santé comme l'a, à plusieurs fois répété, par erreur, l'un des parlementaires présents à cette réunion).
Le médecin traitant ? La réforme ne doit pas vous inquiéter, a dit Xavier Bertrand à plusieurs patients, qui lui demandaient des précisions. « Et surtout, insiste-t-il, ne changez rien à vos habitudes. C'est-à-dire, continuez à aller voir votre généraliste préféré, votre médecin de famille, qui deviendra sans problème votre médecin traitant ». Mais, demande une patiente, serai-je contrainte d'aller consulter le spécialiste que ce médecin traitant me désignera et devrai-je me séparer de celui que je consulte habituellement ? Que nenni. « Ne changez rien à vos habitudes », a encore répété le ministre qui a mis en avant la liberté de choix préservée par sa réforme. De même, il tente de rassurer des patients qui s'inquiétaient de savoir s'ils pourraient aller toujours consulter, de temps en temps, leur spécialiste directement, sans encourir de fortes pénalités. « S'il s'agit, tempère le ministre, d'une ou de deux consultations par an, comme vous pouvez en avoir l'habitude et non pas de consultations fréquentes, je pense que l'assurance-maladie n'en fera pas un drame et ne vous pénalisera pas.»
On notera quand même que le ministre reste prudent. Mais, pour Xavier Bertrand, l'application de cette réforme doit se faire sans heurts, ce qui serait, selon lui, un gage de réussite.
L'importance du DMP.
Interpellé sur la franchise de 1 euro, non remboursable, par un patient atteint d'une maladie orpheline qui l'oblige à des consultations et à des soins fréquents et onéreux, Xavier Bertrand a rappelé que cette franchise était plafonnée à 50 euros, « 4 euros par mois à peu près », a calculé le ministre, qui s'est aussi engagé à ce que le montant de cette franchise ne soit pas relevé. « C'est pour cette raison, a-t-il dit, que nous n'avons pas voulu que les assurances complémentaires le prennent en charge ». Afin que l'exemple du forfait hospitalier qui augmente régulièrement et qui est remboursé par les complémentaires, ne se reproduise pas.
Le DMP : une réforme importante pour la qualité des soins et la maladie médicalisée. Ce dispositif sera essentiel, a expliqué Xavier Bertrand, pour empêcher les interactions médicamenteuses responsables de 350 hospitalisations par jour et pour éviter des examens biologiques redondants.
Reste son contenu. Certains, comme le député UMP du Val-d'Oise, Jean Bardet, présent à la réunion, voudraient empêcher le patient de s'opposer à ce que certains éléments de son dossier médical y figure. « Si c'est le cas, explique le parlementaire, son utilité sera très limitée ». Un argument que ne reprend pas Xavier Bertrand « Vous y mettrez ce que vous vous voudrez », dit-il aux patients, en s'appuyant en particulier sur la loi sur les droits des malades de 2002 qui confère certains droits aux patients.
Enfin, comme à chacune de ses réunions, Xavier Bertrand n'a pas manqué de lancer un appel aux médecins pour qu'ils s'impliquent dans cette réforme. « Elle ne réussira pas sans eux », a-t-il martelé. Faut-il préciser que la phrase n'a pas provoqué de remous particuliers ni d'approbations bruyantes ?
La Cnam au régime « entrepreneurial »
L'assurance-maladie entend développer, sous la houlette de son directeur, Frédéric van Roekeghem, une « vision entrepreneuriale » de ses missions en s'attachant, notamment, à réduire effectifs et coûts de fonctionnement.
« Culture d'entreprise », « relation clientèle »: le directeur de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) a usé d'une terminologie inédite devant la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale (Mecss) de l'Assemblée nationale, pour décrire « la mutation des métiers » de la branche maladie de la Sécurité sociale.
L'ancien directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy a ainsi expliqué que l'assurance-maladie devait « devenir un opérateur de la gestion du risque » pour éviter que « le déficit se creuse ». « Une gestion plus entrepreneuriale est nécessaire », a plaidé Frédéric van Roekeghem, rappelant toutefois que les activités de l'assurance-maladie étaient « à but non lucratif ».
De la parole aux actes, le directeur de la Cnam a franchi le pas en détaillant le plan de gestion du personnel mis en place à l'assurance maladie, résumé ainsi : « Sur deux départs à la retraite, un seul est remplacé ». Selon Frédéric van Roekeghem, « les économies attendues sur la masse salariale représentent 160 millions d'euros à la fin 2006 ». Cette réduction d'effectifs doit être complétée par des redéploiements internes.
Par ailleurs, sur la base d'un audit récent, le directeur de la Cnam relève dans ses services des « gisements d'économies potentielles », d'un montant proche de 40 millions d'euros par an. Ces économies devraient notamment être réalisées sur l'affranchissement, l'informatique, les télécoms et les fournitures.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature