Courrier des lecteurs

« Les 5 R », le remède à la pénurie de soins

Publié le 21/03/2025
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La santé reste en 2025 l’une des préoccupations majeures des Français. Tout le monde s’accorde à dire que, pour résoudre le problème, il faut embaucher massivement, alléger la charge administrative, déléguer des tâches auprès d’autres professionnels de santé, modifier la gouvernance à l’hôpital, assurer à tous un médecin traitant, assurer la permanence des soins, améliorer la coordination entre médecine de ville et hôpital.

Face au constat inéluctable qu’il faut au moins dix ans pour former un médecin, l’offre de soins ne cessera de baisser durant ces prochaines années. En attendant de réformer en profondeur notre système de santé, des propositions, concrètes et réalistes, « les 5 R », peuvent être appliquées immédiatement pour pallier la pénurie de soins. Et comme nous avons tous notre part de responsabilité dans l’effondrement de notre système de santé, voici quelques moyens qui impliquent tout le monde, les politiques, les soignants, les patients :

1/ « R » comme Rationner les soins : pour se consacrer à l’essentiel, l’urgent, l’indispensable. Le médecin, qui est un expert, ne doit s’occuper que des pathologies lourdes et/ou chroniques, et laisser la bobologie, le petit soin, le soin de confort, à des auxiliaires médicaux (IPA, paramédicaux) formés dans ce sens, par spécialité, aptes à rédiger des ordonnances de renouvellement et en cas de doute, à renvoyer le patient au médecin. Rationner, c’est aussi rallonger les délais de suivi, en dehors de situations complexes. C’est aussi développer la télémédecine, multiplier les cabines de consultations comme il en existe dans certaines pharmacies, augmenter la contribution des pharmaciens dans le conseil et la vaccination.

2/ « R » comme Rationaliser le temps médical : déléguer et/ou supprimer les tâches administratives chronophages, inutiles ou redondantes pour libérer du temps médical, accélérer le développement et l’utilisation en routine de l’intelligence artificielle pour une aide diagnostique et thérapeutique qui pourra être utilisée par les auxiliaires médicaux, limiter le syndrome de réunionite aiguë à l’hôpital, simplifier le millefeuille administratif et instituer une vraie gouvernance partagée direction/médecins. C’est aussi, pour les paramédicaux hospitaliers, imposer un ratio maximum de patients par infirmier.ère, maintenir des horaires et plannings stables pour le personnel soignant, ne pas déstructurer les équipes de soins, rouvrir des lits dans les hôpitaux et cliniques. Rationaliser, c’est permettre aux soignants de redonner du sens à leur métier.

3/ « R » comme Revaloriser les salaires : pour améliorer l’attractivité des métiers du soin. L’hôpital manque de moyens humains et financiers, de personnel soignant et de matériel. Il faut davantage revaloriser les salaires des infirmières, aides-soignantes et autres auxiliaires médicaux, budgétiser l’achat de matériel et rénover les établissements de soins, pour certains très vétustes et inadaptés. Il faut aussi donner les moyens aux médecins de ville d’embaucher du personnel, secrétaires, assistantes, auxiliaires médicaux.

4/ « R » comme Responsabiliser les patients : durcir le parcours de soins pour éviter les errances médicales, les consultations inutiles ou redondantes et pour orienter correctement les patients vers les spécialistes. C’est aussi lutter contre les rendez-vous non honorés qui plombent l’agenda des médecins déjà sursollicités. Autant de rendez-vous perdus pour d’autres patients qui en auraient eu besoin. La taxe lapin a récemment été votée, il faut maintenant l’appliquer.

5/ « R » comme Réconcilier le public et le privé : pour que les deux systèmes puissent fonctionner en synergie et non l’un contre l’autre, pour une meilleure prise en charge mutualisée des patients, parce que l’union fait la force.

Il s'agit d'un combat essentiel qui nous concerne tous, soignants et usagers, et nous devons tous mettre nos forces en commun pour sauver notre système de santé !

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Dr Murielle Mollo, médecin vasculaire – médecin en recherche clinique, à Aix-en-Provence, autrice de « Pénurie de soignants, l’enquête choc ! » (éditions Anfortas, mars 2023)

Source : Le Quotidien du Médecin