ÉVALUATION DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE
De nombreuses études ont démontré les bénéfices de l’activité physique sur la prévention ou/et le traitement de beaucoup de pathologies : cancers, diabète, obésités, maladies cardiovasculaires, ostéoporose, etc. Le Programme national nutrition santé (PNNS) « Manger bouger » le martèle : le « bouger plus » constitue un vrai enjeu de santé publique. En pratique, pour les médecins, ce « bouger plus » peut s’évaluer de façon simple et assez précise.
Les recos de l’OMS
► La communauté médicale s’appuie sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé de 2010, concernant les adultes de 18 à 64 ans :
– Activité physique d’endurance d’intensité modérée : 150 minutes par semaine. Ou 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue.
– En complément, il est conseillé de multiplier des activités physiques spécifiques pour le renforcement musculaire, la souplesse et l’équilibre. Ces exercices peuvent être effectués au quotidien, ou au moins deux à trois fois par semaine.
► L’activité physique est définie selon trois niveaux :
– élevé : dépassement des objectifs recommandés d’activité physique.
– Modéré : atteinte des objectifs recommandés d’activité physique.
– Bas : non atteinte des objectifs recommandés, ou absence d’activité physique.
« En pratique quotidienne, pour tout médecin, c’est certainement la façon la plus simple et la plus pragmatique pour classer les activités physiques. Les questions simples à poser concernent l’activité professionnelle (travail physique ou non), les transports (marche ou vélo en durée) et les loisirs (en particulier les activités sportives : type, fréquence et durée) », explique le Pr Jean-Michel Oppert.
L’unité de mesure MET
► De plus en plus utilisé, le MET (Metabolic Equivalent of Task) est un autre moyen pour évaluer le niveau d’activité physique. Un MET correspond au niveau de dépense énergétique au repos assis sur une chaise : 3,5 mlO2/mn/kg. « La dépense énergétique est dépendante du poids de chacun. Pour s’affranchir de cette variable, on utilise le MET. Ainsi, une activité de 3 MET signifie qu’elle engendre une dépense trois fois supérieure à la dépense énergétique de repos », explique le Pr Oppert.
► Avec pour résultat :
– En-dessous de 3 MET : activité d’intensité « faible », comme une marche lente.
– Entre 3 et 6 MET : activité d’intensité « modérée », comme une marche dynamique, de la danse ou de la musculation.
– Au-dessus de 6 MET : activité d’intensité « élevée », comme la course à pied ou la gym aérobic.
► D’après les auteurs de l’étude Esteban (Santé publique France), le cumul des différentes activités physiques dans la semaine devrait atteindre un minimum de 600 MET minutes/semaine (pour un niveau « modéré »).
LA SÉDENTARITÉ
Il s’agit d’une notion différente de l’inactivité, qui se définit par une situation d’éveil caractérisée par une faible dépense énergétique en position assise ou allongée. En pratique, cela correspond au temps passé devant tout écran ou à lire, ou à conduire correspondant à une dépense énergétique inférieure ou égale à 1,5 MET. En marge de l’activité physique proprement dite, la sédentarité est une notion assez nouvelle, à laquelle on s’intéresse de plus en plus.
► Des études, en particulier épidémiologiques, ont montré que la sédentarité favorise la survenue de pathologies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires. Dans une étude, chaque augmentation de 2 h/j de temps passé devant la télévision était associée à une augmentation de 20 % du risque de diabète de type 2 et de 15 % d’événements cardiovasculaires. Ce sur-risque de développer une pathologie est indépendant du temps d’activité physique. Dans une méta-analyse, il a été montré récemment qu’il fallait au moins 60 à 75 min/j d’activité physique modérée pour « effacer » les effets délétères d’un temps assis prolongé. D’autres travaux méritent d’être développés et approfondis pour en savoir plus sur la sédentarité et ses conséquences. « Concernant ses effets sur la santé, les travaux existants n’apportent pas encore le même niveau de preuve que pour l’activité physique », précise le Pr Oppert. Le temps sédentaire correspond donc aujourd’hui à un véritable indicateur de santé, utilisé par certains médecins en plus du niveau d’activité physique (voir tableau 1)
à noter que le PNNS, via le site mangerbouger.fr, préconise de limiter la sédentarité, « de marcher quelques minutes et de vous étirer au bout de deux heures d’affilée en position assise ou allongée, et de réaliser quelques mouvements qui activent les muscles et mobilisent les articulations ».
Bibliographie
1- Mangerbouger.fr
2- étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Estéban 2014-2016), Santé publique France, septembre 2017.
3- R ntved A, Hu FB. Television viewing and risk of type 2 diabetes,
cardiovascular disease, and all-cause mortality: a meta-analysis. JAMA. 2011 Jun 15;305(23):2448-55.
4- Ekelund U, Steene-Johannessen J, Brown WJ, Fagerland MW, Owen N, Powell KE,Bauman A, Lee IM; Lancet, Physical Activity Series 2 Executive Committe; Lancet Sedentary Behaviour Working Group. Does physical activity attenuate, or even eliminate, the detrimental association of sitting time with mortality? A harmonised meta-analysis of data from more than 1 million men and women. Lancet. 2016 Sep 24;388(10051):1302-10.
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