Une adolescente anorexique sur deux présenterait une déminéralisation osseuse, selon une étude angevine qui vient de paraître dans les Archives de pédiatrie (1). La perte osseuse est une complication connue et documentée de l’anorexie de l’adulte, mais chez l’adolescente, sa prévalence l’est beaucoup moins.
-› Dans sa recommandation sur la prise en charge de l’anorexie mentale, la HAS précisait bien la nécessité de réaliser une ostéodensitométrie dès lors que l’aménorrhée était installée depuis 6 mois d’aménorrhée, et de la renouveler tous les 2 ans en cas d’anomalies ou si l’aménorrhée persiste (2).
En effet, la minéralisation osseuse est un processus qui débute pendant la vie fœtale et se termine à la fin de l’adolescence. Le contenu minéral osseux passe de 30 g chez le nouveau-né à 1200 g chez l’adulte. La quasi totalité de la masse osseuse est acquise avant l’âge de 18 ans. Chez l’adolescente anorexique, lorsque l’aménorrhée est installée depuis plus de 6 mois, il y a régression des caractères sexuels secondaires et l’ostéopénie peut évoluer vers une ostéoporose à l’origine de fractures spontanées, de fractures de fatigue et plus tard de tassements vertébraux.
-› L’étude angevine, rétrospective, a porté sur 39 adolescentes souffrant d’anorexie mentale ayant eu une absorptiométrie biphotonique à rayons X avant l’âge de 18 ans. Les paramètres colligés étaient cliniques (âge, stade pubertaire, poids, indice de masse corporelle à différents moments de l’anorexie, caractéristiques de l’aménorrhée), radiologiques (densité minérale osseuse en Z-score et en valeur absolue) et biologiques (calcémie et vitamine D).
Vingt patientes (51 %) avaient une ostéopénie (Z-score pour l’âge entre –1 DS et –2,5 DS) et 2 (5 %) une ostéoporose (Z-score pour l’âge inférieur à –2,5 DS). Cinq patientes (13 %) avaient un Z-score pour l’âge inférieur à –2 DS. La calcémie était normale chez toutes les patientes et les taux sériques de vitamine D étaient inférieurs à 75 nmol/l (qu’il y ait supplémentation ou non).
-› Aucun facteur clinique n’a été prédictif d’une ostéoporose ou d’une ostéopénie, ce qui renforce la recommandation de dépister, comme préconisé par la HAS, tous les patients souffrant de malnutrition sévère.
Les experts de la HAS précisent aussi que la reminéralisation osseuse dépend de la prise de poids et de la reprise des cycles menstruels. Pour autant, la déminéralisation osseuse n’est pas complètement réversible après la disparition du trouble alimentaire, et peut être à l’origine de séquelles irréversibles à l’âge adulte. Il n’est pas recommandé de traiter spécifiquement l’ostéoporose non compliquée chez l’anorexique. En effet, l’intérêt des différentes thérapies médicamenteuses, en particulier des œstroprogestatifs, sur la densité osseuse n’est pas démontré dans ce contexte.
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