Souvent prescrits chez des patients souffrant de douleur chronique, la pertinence des antidépresseurs tendrait-elle à être remise en cause ? C’est la question que l’on peut se poser à la lecture de certains travaux, dont une revue Cochrane publiée le 10 mai dernier qui a évalué l’efficacité et la sécurité de ces médicaments dans la prise en charge de la douleur chronique (excepté les maux de tête) chez des adultes.
Dans ce travail de méta-analyse ont été inclus 176 essais randomisés, avec un total de 28 664 participants. La majorité de ces études comparaient les effets d’un antidépresseur avec un placebo, mais aussi avec d’autres antidépresseurs, d’autres prises en charge de type médecine physique, etc. Ont été exclus les essais dont le suivi était inférieur à deux semaines et ceux comptant moins de 10 participants dans chaque bras. Parmi les affections douloureuses les plus fréquentes : les fibromyalgies (59 études), les douleurs neuropathiques (49 études) et les algies musculo-squelettiques (40 études). Les classes d’antidépresseurs les plus couramment étudiées étaient les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSN – 74 études), les antidépresseurs tricycliques (ATC – 72 études) et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS – 34 études). Les antidépresseurs les plus étudiés étaient : l’amitriptyline, la duloxétine et le milnacipran.
Un des principaux résultats est que parmi les 25 antidépresseurs inclus dans ces essais, seule la duloxétine a convaincu les auteurs de ce travail des effets de ce médicament comme traitement contre la douleur chronique. Pour 1 000 personnes prenant de la duloxétine à dose standard, 435 ressentiront un soulagement de la douleur de 50 %, contre 287 qui ressentiront un soulagement de la douleur de 50 % avec un placebo.
Pour les critères de jugement secondaires d’efficacité (soulagement modéré de la douleur, sommeil, qualité de vie…), la duloxétine et le milnacipran sont les antidépresseurs les mieux classés avec des preuves de certitude modérée (avec cependant des effets faibles).
Concernant les effets indésirables liés à l’usage de ces traitements dans les douleurs, ce travail rapporte peu de données probantes. D'ailleurs, dans leurs conclusions, les signataires demandent que de futures études sur ce sujet se concentrent sur les effets indésirables des antidépresseurs. Enfin, les auteurs de ce travail insistent sur le fait que « la douleur est une expérience très individuelle et certains médicaments peuvent être efficaces même si les données de recherche ne sont pas concluantes ou indisponibles. Pour la prise en charge, il est important d’avoir une approche centrée sur le patient ».
À noter que le 1er février, le BMJ avait publié un travail passant au crible 26 revues, regroupant 156 essais, portant sur un total de huit classes d’antidépresseurs. « Aucune revue n’avait fourni de hauts niveaux de preuve sur l’efficacité des antidépresseurs contre la douleur, quelle que soit l’affection », avaient résumé les auteurs (lire Le Généraliste n° 3013).
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