Journée mondiale sans tabac oblige, le BEH (1) et l’INCA (2) dressent un état des lieux du tabagisme. Ainsi, le baromètre santé 2010 de l’Inpes (1) révèle - au travers d’une enquête menée en 2010 auprès de plus de 27 000 individus - une augmentation récente du tabagisme en France alors qu’il était en baisse depuis plus de 20 ans. La proportion des fumeurs de plus de 10 cigarettes par jour est en baisse, alors que celle des fumeurs quotidiens apparaît en augmentation par rapport à 2005, en particulier chez les femmes âgées de 45 à 65 ans. Par ailleurs, les campagnes d’informations sur les méfaits du tabagisme passif et l’interdiction de fumer dans les lieux publics semblent avoir porté leurs fruits puisque le contexte actuel de lutte contre le tabagisme apparaît plus centré sur le tabagisme passif qu’entre 2000 et 2005.
La HAS insiste sur l’importance d’une aide au sevrage tabagique et les dernières mesures gouvernementales vont dans ce sens. Selon l’étude du BEH du Pr Gérard Dubois (Amiens) (1), si certains traitements de la dépendance tabagique sont d’une efficacité scientifiquement prouvée, leur efficience peut aussi paraître limitée. Les meilleurs traitements permettent un arrêt total d’au moins 6 mois pour au mieux 35 % des fumeurs. Les données de l’INCA rappellent que la majorité des nicotinomanes arrête de fumer sans aide mais avec une efficacité assez faible, soit un taux de sevrage de 3 % à 5 % entre 6 mois et 1 an.
Pour la pathologie cardiovasculaire, l’enjeu du sevrage est de taille puisque le Pr Daniel Thomas (Paris) dans sa revue de la littérature (1) rappelle que le bénéfice est rapide et très important, via l’action du tabac sur la thrombose et le spasme. En prévention primaire, on éviterait ainsi les accidents cardiovasculaires aigus des sujets jeunes, et en prévention secondaire, on réduirait de 30 à 50 % la survenue d’événements cardio-vasculaires.
La fiche Repère de l’INCa (2) quant à elle, est de fait centrée sur la thématique des cancers induits par le tabac. On y relève ainsi que s’il y a toujours un bénéfice à cesser de fumer, quel que soit l’âge et le gain est d’autant plus important que le sevrage tabagique est plus précoce. En revanche, la courbe d’espérance de vie des ex fumeurs ne rejoint pas celle des non fumeurs. Ils conservent un risque plus élevé de cancers même après une longue période d’abstinence. Il a été estimé que le gain d’espérance de vie serait de 3 ans chez un fumeur s’arrêtant à 60 ans. Ce gain atteint 6 ans si l’arrêt a lieu à l’âge de 50 ans, 9 ans s’il a lieu à 40 ans et ne serait proche de celui des non-fumeurs que si l’arrêt a lieu avant 35 ans
L’INCA rappelle aussi que dans le domaine du conseil minimal prodigué par un médecin dans le cadre d’une consultation de routine, la France se situe dans le bas du classement des pays participant à l’étude International Tobacco Control avec seulement 27,5 % des fumeurs ayant reçu des conseils pour cesser de fumer. Mention : « peut mieux faire », puisque 58 % des accros au tabac consultent leur médecin au moins une fois par an !
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