Décrit récemment au Japon, le syndrome de Tako-Tsubo (STT) est une cardiomyopathie liée au stress. Recensée comme « maladie rare » sur Orphanet, cette insuffisance cardiaque aiguë se manifeste comme un infarctus aigu du myocarde et se caractérise par des symptômes ischémiques. Des cas ont récemment été rapportés en Europe et aux états-Unis. Toute une session était dédiée à cette pathologie lors du récent congrès mondial de l’insuffisance cardiaque (1).
Avec un sex-ratio de 9/1, ce syndrome peu connu touche principalement les femmes, le plus souvent après la ménopause chez des femmes âgées de 55 à 75 ans. Il représenterait jusqu’à 2,5 % des SCA tous sexes confondus.
Dans 2/3 des cas, le STT survient après un stress psychologique ou physique intense, la libération massive de catécholamines étant incriminée dans la paralysie d’une partie du myocarde associée ou non à un spasme coronaire. Parallèlement au stress psychologique, les experts insistent sur la possibilité de déclenchement d’un STT au cours d’une pathologie somatique aiguë, pulmonaire, digestive, neurologique, choc septique ou anaphylactique, etc.
Les symptômes sont similaires à ceux d’un SCA : dyspnée, douleur thoracique, palpitations, malaise, qu’on risque d’attribuer un peu trop vite au stress émotionnel.
Or plus les recherches progressent, plus il se révèle que cette cardiomyopathie aiguë est bien plus fréquente et bien moins bénigne qu’on ne le pense. Le risque de complications cardio-vasculaires immédiates est élevé avec insuffisance cardiaque aiguë voire choc cardiogénique, dysfonction ventriculaire droite, insuffisance mitrale, thrombus apical avec complications thrombo-emboliques de type AVC, arythmies, etc. Sa mortalité serait superposable à celle des SCA sans élévation du segment ST (autour de 3 %).
Devant une symptomatologie pseudo-coronarienne, le score InterTAK en 100 points évalue la probabilité qu’il s’agisse d’un STT (plutôt que d’un SCA) chez la femme, la notion d’un stress physique ou psychique, de troubles anxiodépressifs aigus ou chroniques et de certains aspects ECG (BBG). En théorie, l’élévation des peptides natriurétiques et de la troponine, moins nette que ne le voudrait la dysfonction ventriculaire, évoque plutôt un STT mais ECG, échographie cardiaque et dosages biologiques peuvent ne pas suffire à éliminer un SCA. Angiographie, IRM ou scintigraphie sont souvent indispensables.
Passée la phase aiguë, le pronostic est plus favorable, sous réserve de surveillance de la fonction ventriculaire droite et de l’absence de cardiopathie sous-jacente. Il existe un risque de récidive de 10 % à 4 ans.
En 2016, le groupe « Heart Failure » de l’ESC a émis des recommandations qui précisent la prise en charge de cette pathologie en s’appuyant sur les registres français comme OFSETT, ou international comme InterTAK.
1- D’après la communication « Takotsubo : an acute heart failure syndrome » lors du congrès Heart Failure 2017 (paris, 29 AVRIL-02 MAI)
2- Score disponible sur Tkotsubo-registry
Mise au point
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