Les médecins ont d’avantage tendance à prescrire des antibiotiques de façon inappropriée à mesure que leur consultation progresse dans la journée, d’après une étude récente du Jama Internal Medecine. Ce travail, de Jeffrey A. Linder et coll. du Brigham and Women’s Hospital de Boston, (Massachussets), avance l’hypothèse que la fatigue décisionnelle augmenterait la probabilité de prescription d’antibiotiques.
› Les chercheurs, ont analysé les données de facturation et les dossiers médicaux de 23 cliniques de soins primaires pendant 17 mois et ont étudié 21?867 visites de patients de 18 à 64 ans à 204 médecins pour des infections respiratoires aiguës ayant eu lieu au cours de deux sessions de quatre heures de consultation de huit heures à midi et de treize heures à dix-sept heures.
› Les résultats ont montré une augmentation des prescriptions d’antibiotiques au long de la matinée et de l’après-midi, certaines étant appropriées, d’autres non.
Selon les auteurs, en soins primaires, la prescription d’antibiotiques non nécessaires dans les infections respiratoires aiguës est une pratique assez courante. Elle résulte soit de la réponse à une demande explicite du patient, soit d’un désir du médecin d’accomplir un acte médical ayant une signification aux yeux du malade, soit d’une volonté de clore rapidement la consultation, soit encore d’une crainte non fondée de la survenue de complications chez le patient. Cette étude rajoute donc à cette liste de raisons, la « fatigue décisionnelle ». Les scientifiques expliquent que les médecins prennent de nombreuses décisions de soins pour les patients chaque jour. La demande cognitive cumulative de ces décisions peut éroder leur capacité à résister aux choix potentiellement inappropriés. Cette érosion de la maîtrise de soi après des prises de décision répétée est qualifiée de fatigue décisionnelle par les psychologues. Ce phénomène a été démontré pour des professionnels non médicaux, comme les juges chez qui on a constaté une baisse de la qualité des décisions après au fur et à mesure que la session de la cour de justice progresse.
Pour Jeffrey Linder et coll, ce constat doit s’accompagner de conseils pratiques à mettre en place dans les cabinets de consultation pour éviter cette « fatigue décisionnelle » et les prescriptions inappropriées qui l’accompagnent.
› Les auteurs préconisent ainsi que les praticiens se fassent davantage aider pour prendre leurs décisions thérapeutiques en fonction du temps de travail accompli. Qu’ils aient des emplois du temps moins surchargés et, en particulier, que les sessions de consultation durent moins longtemps. Des pauses plus fréquentes ou la prise de repas de style snacks (pour éviter les hypoglycémies pouvant altérer la prise de décision) sont aussi des solutions proposées. Des conseils, certes, intéressants, mais pas toujours faciles à mettre en pratique dans des cabinets libéraux surchargés.
http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleID=1910546&utm_camp…
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