Sevrage tabagique

Les rechutes ne sont pas synonymes d'échecs

Publié le 05/03/2010
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L’étau se resserre autour des fumeurs invétérés. Une occasion à saisir pour proposer à ceux qui sont motivés une consultation médicale pour un sevrage tabagique où les aides de toutes natures,

« Mme T., 32 ans, essaie en vain depuis plusieurs années de se sevrer du tabac. Elle envisage bientôt une grossesse et demande une aide au sevrage tabagique... »

Une motivation à évaluer

Le tabac est une drogue « dure » dont il est difficile de se sevrer, avec souvent plusieurs rechutes avant le sevrage complet et définitif. En effet, au-delà des outils et des techniques de sevrage, le succès réside surtout dans la motivation du patient : perspective de grossesse, interdiction de fumer dans les lieux publics, pressions de l’entourage, coût du tabac, symptômes d’intoxication tabagique comme la toux, essoufflement… Autant de raisons qui vont faire mûrir la demande de sevrage tabagique et renforcer la motivation. Des motivations plus positives peuvent être mises à jour comme de retrouver son souffle, ne plus sentir le tabac, réduire son risque de cancer, retrouver du pouvoir d’achat pour d’autres plaisirs…

Prendre la mesure du niveau de dépendance

Facile à réaliser avec le test de Fagerström, le niveau de dépendance au tabac et à la nicotine est important à évaluer pour adapter les outils de sevrage, en particulier avec les substituts nicotiniques. Plusieurs questions sont posées : combien de cigarettes fumez-vous par jour ? A quel moment fumez-vous votre première cigarette ? Trouvez-vous difficile de ne pas fumer dans les endroits interdits ? Fumez-vous même quand vous êtes malade ? Vous arrive-t-il de faire de nombreux kilomètres pour trouver des cigarettes ?... Outre la prise de conscience par le patient du niveau de dépendance au produit, ces questions ont aussi l’intérêt de faire un état des lieux de la dépendance avant sevrage, qui pourra être comparé à celui après sevrage. Selon le niveau de dépendance résiduel, le risque de rechute est plus ou moins grand.

Préparer les conditions d’un sevrage

Pour donner toutes les chances au sevrage, il faut choisir le bon moment, vacances, période d’accalmie professionnelle et familiale, événement gratifiant comme une reconnaissance professionnelle, une rentrée d’argent, une belle rencontre… D’où l’intérêt d’écouter et de laisser son patient choisir le moment de son sevrage car c’est lui le mieux placé pour en juger. Il est possible aussi de suggérer une gratification symbolique ou matérielle à s’accorder au départ du sevrage (utiliser l’argent économisé sur les cigarettes pour se payer un beau voyage...), afin de contre-balancer le poids de la frustration inévitable du sevrage. Enfin, informer sur les étapes du sevrage est un moyen aussi de réduire l’angoisse de l’aventure du renoncement au tabac.

Prescrire des outils de sevrage adaptés à chacun

Les croyances vis-à-vis de l’efficacité de telle ou telle méthode de sevrage renforcent les chances de réussite. Aussi peut-on s’enquérir des représentations que se sont forgées les patients sur telle ou telle méthode et partir de ces représentations pour proposer un projet et des outils de sevrage adaptés. Pour certains ce sera le dernier médicament mis sur le marché, pour d’autres les substituts nicotiniques ou le bupropion, pour d’autres enfin l’acupuncture, l’homéopathie ou les thérapies de groupe. Mais dans tous les cas, le suivi régulier par le médecin traitant donnera l’occasion de remotiver son patient durant son périple de sevrage.

Source : Stratégies thérapeutiques d'aide au sevrage tabagique, Haute Autorité de Santé (HAS), octobre 2006

Source : lequotidiendumedecin.fr