Geneviève, 75 ans, souhaite savoir s’il est possible de faire disparaître des lésions apparues il y a 2 ans au niveau de ses jambes et de ses bras. Ces lésions en goutte de couleur blanche sont présentes uniquement sur les bras et les jambes de notre patiente.
Elles sont indolores, et non prurigineuses, et sont de petite taille. Geneviève s’est installée au bord de la Méditerranée depuis qu’elle est retraitée, car elle apprécie beaucoup la mer et le soleil ; elle n’hésite d’ailleurs pas à s’exposer dès l’apparition des premiers rayons de soleil.
L’HYPOMÉLANOSE EN GOUTTE
Ce cas illustre bien les méfaits du soleil et la description effectuée correspond à une hypomélanose en goutte. Cette entité, qui porte également le nom d’achromie lenticulaire, est une héliodermie. Elle se rencontre principalement chez les sujets ayant plus de 60 ans.
Elle touche principalement les sujets caucasiens, mais peut également se rencontrer chez les patients africains. Une prévalence accrue au sein de patients appartenant à une même famille a été notée. Il semble qu’une prédisposition génétique soit associée à cette dermatose (surtout chez les personnes ayant un phototype clair).
Cette dermatose est secondaire à une exposition solaire intense. Les zones le plus souvent touchées sont celles qui sont photoexposées : les bras et avant-bras, les jambes (au niveau de la face antérieure essentiellement), et plus rarement l’abdomen.
ASPECT CLINIQUE
La lésion élémentaire typique se présente comme une macule de petite taille (entre 2 et 5 mm) hypopigmentée ayant une couleur blanc porcelaine.
Cette entité présente des contours très réguliers. Ces formations sont le plus souvent ovalaires ou polygonales. Il est possible de noter au pourtour de ces lésions la présence de signes d’héliodermie comme une atrophie cutanée, mais aussi des lentigines.
L’hypomélanose n’entraîne pas de prurit et nous n’objectivons pas de squames à la surface de la lésion. Certains auteurs ont décrit des formes papuleuses.
CARACTÉRISTIQUES HISTOLOGIQUES
L’examen anatomopathologique ne présente aucun intérêt dans le cas de l’hypomélanose en goutte. En effet, le diagnostic est avant tout clinique.
Cependant, lorsque cette étude est réalisée, elle permet de mettre en évidence :
- une atrophie épidermique
- une réduction du nombre de mélanocytes. Cet élément permet de nous éclairer en ce qui concerne l’origine de l’hypomélanose. En fait, les mélanosomes se sont raréfiés du fait de la toxicité des UV.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
De nombreux diagnostics différentiels peuvent être discutés.
Parmi ces diagnostics, nous allons présenter ceux qui sont le plus souvent rencontrés :
• Le vitiligo. Le plus souvent ce dernier se présente comme une dépigmentation en placard et non en gouttes. De plus la localisation n’est pas forcément en relation avec l’exposition solaire (tout le corps est atteint ; le crâne et le dos étant les moins touchés).
• Le pityriasis versicolor. Dans ce cas nous retrouvons des papules circulaires de couleur blanches desquamantes au niveau du membre supérieur principalement. Ces lésions sont parfois confluentes, et donnent des placards dont les bords sont émiettés. De plus l’examen mycologique retrouve la levure responsable de cette affection (M. furfur) (cf. cliché 2).
• Les hypomélanoses secondaires à des agents physiques ou chimiques. Dans ces cas, l’anamnèse permet de mieux définir la nature et le rôle d’une substance responsable de cette hypomélanose. Le plus généralement ces hypomélanoses restent très localisées
LE TRAITEMENT
Dans un premier temps, il faut rassurer le patient car les lésions en relation avec cette dermatose sont tout à fait bénignes.
› En ce qui concerne le traitement, il comprend deux volets :
– volet préventif. Il faut recommander une photoprotection. Ainsi, lors de toute exposition solaire, il faut exiger le recours à des écrans solaires ayant des filtres UV d’indice élevé. Le mieux reste avant tout d’assurer une protection de la peau au moyen de vêtements, car il ne faut pas oublier l’efficacité moins importante des écrans solaires ;
– à titre curatif, il est possible d’effectuer une cryothérapie très légère, ou une dermabrasion superficielle. Le recours à des applications locales de trétinoïne peut favoriser une repigmentation. Cependant, cet effet reste très incomplet.
Le plus souvent les lésions restent stables avec le temps, mais leur nombre augmente fréquemment avec l’avancée en âge du patient.
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