Le dernier Baromètre santé 2014 de l’Inpes et l’Ofdt sur la consommation d’alcool en France* dresse un bilan inquiétant de l’évolution de l’alcoolisation chez les jeunes, et particulièrement les jeunes femmes.
› Certes en 2014, les fréquences de consommation se révèlent stables relativement à 2010, excepté pour la consommation quotidienne d’alcool, qui décroît de 11 % à 10 %. 86% des personnes âgées de 15 à 75 ans déclarent avoir bu de l’alcool au cours des douze derniers mois, avec un nombre moyen de verres bus par semaine estimé à 5,5, comparable à celui de 2010.
› Parallèlement à cette stabilité de la consommation quotidienne française, d’autres comportements se font jour, telle l’évolution à la hausse des alcoolisations ponctuelles importantes (API) – binge drinking - et des ivresses. En effet, depuis 2005, les Baromètres successifs ont constaté une augmentation importante des API et épisodes d’ivresse des 18-25 ans. Si la proportion des jeunes déclarant avoir connu une ivresse au cours de l’année, un peu moins d’un jeune sur deux (46 %), ne change pas par rapport à 2010, les ivresses répétées augmentent - 25 % en 2010 versus 29 % en 2014 - de même que les enivrements réguliers - 11 % en 2010 vs 14 % en 2014. Une analyse plus fine selon le genre et la situation professionnelle montre que cette évolution est particulièrement notable chez les jeunes femmes, lorsque celles-ci sont étudiantes, alors qu’une tendance à la stabilité s’observe chez les étudiants de sexe masculin. Ainsi, les API mensuelles concernent 28 % des étudiantes en 2014 (19 % en 2010 et 11 % en 2005), les ivresses répétées 28 % (19 % en 2010 et 8 % en 2005) et les ivresses régulières 11 % (7 % en 2010 et 2 % en 2005).
› En détaillant par type d’alcool, les plus consommés, au moins une fois par semaine, sont, dans l’ordre, le vin (37 %), la bière (20 %), les alcools forts (15 %), loin devant les autres (cidre, porto, champagne…). Les femmes se révèlent particulièrement consommatrices de vin (29 % vs moins de 10 % pour les autres alcools). Relativement à 2010, la bière apparaît plus souvent consommée en 2014 (+1,7 point), pour les hommes comme pour les femmes, à l’inverse des autres types d’alcool (-1,3 point).
› Les auteurs de ce Baromètre insistent sur la nécessité de recourir aux taxes, à la régulation de l’accessibilité de l’alcool (nombre de points de vente, horaires d’ouverture, âge minimum légal..) qui seraient des mesures coût efficace, voire la fixation d’un prix minimum par unité d’alcool qui permettrait d’agir en direction des plus défavorisés. Et outres les mesures éducatives dès le plus jeune âge, les experts en appellent au repérage « au plus tôt » des usages précoces et réguliers notamment par le biais des médecins généralistes. L’enjeu est de taille. La consommation d’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabagisme. Les classifications pharmacologiques font apparaître l’alcool parmi les substances psychoactives les plus nocives en termes de dommages physiques, sociaux, et de dépendance, notamment chez les plus jeunes.
*Enquête téléphonique conduite sur un échantillon
représentatif de la population des 15-75 ans résidant en France
métropolitaine du 11 décembre 2013 au 31 mai 2014.
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