URTICAIRE AIGUË
Léonie, 8 mois présente cette éruption depuis 3 jours sous forme de papules lisses et rosées. Elle n’a pas de fièvre et son état général est conservé.
Les arguments diagnostiques
Ces plaques mobiles, fugaces (moins de 24h) et migratrices qui changent de place sont typiques d’une urticaire aiguë. Le prurit est quasi constant. Les atteintes des extrémités peuvent être douloureuses. Quand l’urticaire touche le visage ou les organes génitaux externes, la forme est plutôt œdémateuse. Chez le nourrisson on peut observer des formes ecchymotiques.
L’origine est-elle allergique ?
Moins de 10 % des urticaires de l’enfant sont d’origine allergique mais cette question doit rester présente dans l’esprit du médecin.
Il s’agit d’une sensibilisation IgE médiée qui nécessite une sensibilisation préalable avec production d’IgE spécifiques , fixation sur les FceRI des mastocytes sans signes cliniques. Chez le jeune enfant, la sensibilisation préalable a pu avoir lieu in utero ou lors de l’allaitement, par l’absorption de médicaments, d’aliments, … voire d’antibiotiques occultes dans les viandes.
La réaction se produit dans l’heure lors de la réintroduction (délai moyen par rapport à la prise 10-20mn) avec une majoration des symptômes et raccourcissement du délai lors des réintroductions. Durée totale toujours < 24h sauf si nouveau contact. Retour à la normale en quelques heures en général.
L’urticaire allergique est rarement isolée, s’y associent une grosse fatigue, « coup de pompe », prurit palmo plantaire, un angioedème, signes digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée). À l’extrême, l’urticaire peut s’associer à des signes anaphylactiques (tachycardie, sueurs, malaise chute tensionnelle, signes respiratoires, choc).
Le bilan allergologique confirme le diagnostic par des tests allergologiques ( Prick tests et ou IDR) confortés éventuellement par des dosages d’IgE spécifique. Les mesures d’éviction seront mises en place en fonction des résultats.
L’origine est non allergique dans la grande majorité des cas. Chez le nourrisson, l’urticaire est d’origine post-infectieuse, quelle qu’elle soit. A noter que l’éruption est majorée par l’amoxicilline ou les AINS. Les facteurs physiques tels que le froid, la chaleur, la pression, le frottement, ou les vibrations le majorent.
Les urticaires non allergiques ne comportent pas de risque d’asphyxie ni d’anaphylaxie (sauf urticaire au froid)
Le traitement est symptomatique en attendant la rémission spontanée par antihistaminiques H1 pendant 10 jours.
L’URTICAIRE CHRONIQUE
Mme A., 35 ans, sans profession, consulte pour des lésions cutanées prurigineuses, récidivantes depuis 2 mois. Elle a pour antécédents une lithiase rénale droite, une HTA traitée par sartan depuis 1 an et une hypothyroïdie substituée. On constate éruption de papules érythémateuses claires disséminées, apyrétique, sans autre particularité. Chaque élément est mobile et fugace. Elle incrimine les crustacés et les fraises.
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Cette éruption correspond à une urticaire chronique : les lésions étant mobiles et fugaces. Cette urticaire est chronique puisque son évolution est continue, quotidienne ou quasi quotidienne depuis plus de 6 semaines (durée minimale requise).
La cause la plus fréquente d’urticaire chronique (UC) est idiopathique.
Pour autant, il convient d’éliminer les causes qui permettent une éviction. L’aspirine, les AINS, les morphiniques, la codéine, … sont les médicaments le plus souvent incriminés. IEC et sartans sont plutôt responsables d’épisodes d’angioedèmes isolés.
L’allergie alimentaire vraie est exceptionnelle dans l’urticaire chronique commune. Ce diagnostic peut en général être éliminé dès l’interrogatoire, notamment en cas de survenue matinale (avant toute prise alimentaire) ou nocturne, si l’évolution dure sur plusieurs jours ou si la poussée d’urticaire survient plus de 2 heures après l’ingestion alimentaire.
La responsabilité des pneumallergènes dans le déclenchement de l'urticaire chronique n'a jamais été démontrée
> En pratique : aucun bilan n’est nécessaire dans un premier temps. Une monothérapie anti H1 de 2e génération est indiquée ; leur efficacité est variable (de plus de 50 à plus de 80 % des cas). Rechercher les prises AINS pouvant expliquer certaines poussées, rechercher les prises de corticoïdes qui n’ont pas de place dans ce contexte.Une réévaluation est nécessaire après 4 à 8 semaines. Si persistance, il est licite d’envisager un bilan paraclinique simple ( sauf orientation particulière): NFS, Plaq, VS, CRP. En cas d’échec, confier son malade à un dermatologue (ou un allergologue)
QUELQUES FORMES CLINIQUES D'URTICAIRE CHRONIQUE
• Urticaire cholinergique
Semis de papules de quelques mm de diamètre chez un adulte jeune. Facteurs déclenchants : exercice physique, bain chaud, émotions vives.
• Urticaire au froid
3% des urticaires chroniques, enfants et adultes jeunes. 2 femmes/ 1 homme. Durée moyenne 4 à 5 ans. Danger en cas de baignade. Réaction oropharyngée possible (glaces, aliments froids)
•Urticaire retardée à la pression
Réaction 3 à 12h (4 à 8h) après pression (épaules, fesses, paumes, plantes). Persistant plus de 24h. Association possible à un malaise général (fièvre, arthralgies et myalgies).
• Urticaire solaire
0,4% des urticaires chroniques. Adulte entre 30 et 40 ans. Photoprotection/efficacité inconstante des antihistaminiques
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