Alors que l'armée israélienne entame la troisième phase de son attaque terrestre dans la bande de Gaza après l'attaque du Hamas du 7 octobre, les associations Médecins du Monde, Médecins sans frontières, Amnesty International, Action contre la Faim, Handicap International, Oxfam et Refugees International ont renouvelé leur appel à un cessez-le-feu.
Rassemblés pour une conférence de presse, ces ONG ont dressé un tableau tragique de la situation de la population palestinienne prise sous les bombes, sans eau ni électricité, et de plus en plus concentrées dans le sud du territoire. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16 000 Palestiniens sont morts depuis le début de leur attaque, dont 60 % de femmes et d'enfants. « Nous n'avons plus de mots pour décrire ce qu'il se passe », déplore, les traits tirés, Alexandra Saieh de l'association Save the Children.
Depuis le 8 décembre et l'arrêt des livraisons d'électricité et d'essence par l'État hébreu, les pompes et les usines de dessalement d'eau de mer s'arrêtent les unes après les autres. « Il n'y a plus de toilettes, les Gazaouis sont obligés de creuser des trous dans le sol », témoigne Chiara Saccardi de l'ONG Action contre la faim. De telles conditions sont propices aux épidémies. Ainsi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 80 000 personnes souffrent actuellement de diarrhée aiguë, potentiellement sévères en l'absence d'accès à l'eau potable. « Plus de la moitié des enfants de Gaza ne disposent pas d’endroit où dormir », rapporte Alexandra Saieh. On estime que 70 % des bâtiments de la bande de Gaza sont détruits ou endommagés.
Un système de soins qui s'écroule
Les associations renouvellent leur demande à un cessez-le-feu et un accès aux populations. Selon Sandrine Simon, directrice de la santé à Médecins du Monde : « Les besoins sont énormes, à un moment où le système de santé est en train de s’écrouler. Environ 85 % des habitants ont fui vers le sud de la bande de Gaza, alors même que les infrastructures civiles sont matraquées. (...) Les épidémies vont bientôt tuer plus sûrement que les bombes ». Les témoignages d'employés d'ONG font aussi état de nombreux nourrissons souffrant de difficultés respiratoires consécutives aux fumées des explosions.
« L'État d'Israël fait preuve de mépris pour la sécurité des personnels de santé, accuse pour sa part la Dr Isabelle Defourny, de Médecins sans Frontières. Il y a des tirs directs de chars et d'armes légères contre les hôpitaux ». Depuis le 7 octobre, l'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, doit faire face à un afflux de blessés : plus de 5 000 y sont arrivés, de même que 1 500 morts. « Les chiffres exacts sont difficiles à obtenir, reconnaît Alexandra Saieh. Au lendemain de la reprise des combats, 1 000 personnes y étaient hospitalisées, soit le triple de ses capacités. » Selon les chiffres communiqués par l'OMS, depuis l'évacuation de l'hôpital Al-Shifa, les capacités hospitalières totales de la bande de Gaza sont passées de 3 500 à 1 400 lits.
Un appel à ouvrir des corridors humanitaires
« Nous devons évacuer les blessés et malades en Égypte, implore la Dr Defourny. Le nombre d'amputations sans anesthésie est impressionnant. » Au poste frontière de Rafah, seule porte d'entrée entre l'Égypte et la bande de Gaza, un peu plus de 100 camions d'aide humanitaire entrent chaque jour. « Il faudrait ouvrir des nouveaux points de passage, insiste Jesse Marks de Refugees International. Israël doit aussi arrêter les contrôles incessants des camions qui les empêchent de circuler à l'intérieur de la bande de Gaza. »
Avant le début des combats, 500 camions par jour étaient nécessaires pour apporter l'aide alimentaire dont dépendent 80 % des deux millions d'habitants de la bande de Gaza, qui subit depuis 16 ans un blocus de la part de l'État hébreu. « Il faut que le contrôle des camions soit confié à un organisme indépendant et non pas à l'un des deux belligérants », estime Jesse Marks.
Questionnés sur les récents pillages de camions d'aide humanitaire, les responsables d'ONG ont reconnu que cela était arrivé à plusieurs reprises. « Une attaque a eu lieu contre la pharmacie où nous stockons des médicaments, indique Isabelle Defourny. Selon les témoignages de nos personnels, les assaillants étaient des habitants qui croyaient pouvoir y trouver de la nourriture. »
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