La prise en charge des formes prolongées de Covid-19 continue de se définir. Et les symptômes psychiatriques ou psychologiques associés à la maladie apparaissent de mieux en mieux pris en compte. C’est ce qui se dégage de la dernière actualisation des « Réponses rapides » de la Haute Autorité de santé (HAS).
Jusqu’à 30 % des patients concernés
« Depuis le début de l’année 2021, la Haute Autorité de santé élabore et actualise régulièrement des Réponses rapides sur les symptômes prolongés du Covid-19 afin d’accompagner les médecins généralistes dans le diagnostic et la prise en charge de ces symptômes », rappelle la HAS. Des réponses régulièrement actualisées, jusqu’à présent « assorties (…) de quatorze fiches techniques, conçues par symptômes ou par spécialité (douleurs, fatigue, troubles oculaires, dyspnée…) ».
Ce 21 avril, la HAS publie une quinzième fiche, cette fois centrée sur les « troubles psychiatriques » et les « aspects psychologiques » associés au Covid long. Et pour cause : 15 à 30 % des patients atteints de Covid long présenteraient des symptômes anxieux ou dépressifs. Soit plus qu’en population générale ou qu’après une autre infection pulmonaire.
Si l’étiologie exacte de ces troubles reste « mal connue », la HAS avance plusieurs arguments psychologiques : épisode initial de Covid traumatisant, maladie voire décès de proches tout aussi impactant pour la santé mentale, sentiment d’impuissance lié à l’absence de traitement spécifique, stigmatisation, etc.
Distinguer les réactions adaptatives de troubles durables
En pratique, cette fiche – « à destination des soignants comme des patients » – dresse d’abord la liste des principaux symptômes psychiques associés au Covid-19. En bref : « les principaux troubles psychiatriques que développent les patients avec des symptômes prolongés du Covid-19 sont les troubles anxieux, le trouble de stress post-traumatique, les troubles dépressifs, les idées ou conduites suicidaires et le suicide », résume la fiche.
Et surtout, le document balise leur prise en charge. À commencer par le diagnostic. En particulier, la HAS liste les symptômes prolongés suspects : « fatigue, troubles de concentration et d’attention, palpitations, oppression thoracique, sueurs, tremblements, douleurs musculaires, sensation de suffocation, nausées, diarrhée, engourdissements ou picotements, étourdissements, vertiges, pour les troubles anxieux ; fatigue, perte d’appétit, troubles du sommeil, troubles de concentration et d’attention, pour les troubles dépressifs ». « Ces symptômes ne peuvent être attribués à un diagnostic psychiatrique que si (…) sont présents (d’autres critères) : syndrome, rupture de fonctionnement, critères temporels », prévient la HAS, qui appelle à distinguer « les réactions psychologiques adaptatives, d’intensité modérée », de « celles dont l’intensité et la durée (…) peuvent nécessiter le recours à un psychiatre ou un psychologue ». En outre, la fiche incite à évaluer systématiquement le risque suicidaire.
Un traitement pharmacologique ou psychologique peu spécifique
Côté traitement, « la prise en charge psychothérapeutique et pharmacologique des troubles anxieux, dépressifs et post-traumatiques ne présente (globalement) pas de spécificité dans le cadre (du Covid long) », indique la HAS. Seul élément de discussion particulier : un « risque d’aggravation des symptômes cognitifs en cas de prescription d’un traitement anxiolytique ou hypnotique », à mettre en balance avec « la possibilité d’une amélioration des symptômes cognitifs en cas de traitement efficace d’un trouble psychiatrique comorbide ».
Au-delà de ces aspects techniques, la HAS insiste sur quelques principes relationnels : importance de l’écoute, de l’information et de la décision partagée, de la relation de confiance, de la reconnaissance de la réalité des symptômes et de leur impact, etc. D’un point de vue organisationnel, « la prise en charge (…) doit être multidisciplinaire ».
À noter par ailleurs que la HAS a remis à jour une fiche concernant le réentrainement progressif à l’effort destinée aux kinésithérapeutes.
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