LA CLINIQUE : ÉVOCATRICE MAIS PEU SPÉCIFIQUE
La dengue est l’arbovirose endémique la plus répandue dans le monde : Afrique (dont la Réunion et Mayotte), Amériques (y compris Martinique et Guadeloupe), Méditerranée orientale, Asie du Sud-Est et Pacifique occidental (Polynésie, Nouvelle-Calédonie).
Les voyageurs infectés, revenant de zone intertropicale, peuvent contaminer les moustiques-tigres (ædes) qui colonisent désormais 18 départements méridionaux et qui, à leur tour, peuvent infecter d’autres individus. Les départements infestés sont les Alpes-Maritimes, la Haute-Corse, la Corse du Sud , le Var, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence, le Gard, l’Hérault, le Vaucluse, le Lot-et-Garonne , les Pyrénées-Orientales, l’Aude, la Haute-Garonne, l’Ardèche, la Drôme, l’Isère, le Rhône et la Gironde.
› Après 4 à 7 jours d’incubation (12 maximum) survient un syndrome pseudogrippal brutal avec asthénie, céphalées, arthro-myalgies, lombalgies, douleurs rétro-orbitaires. Cette phase dure 2 à 7 jours. La vigilance doit être maximale autour du quatrième jour et l’hospitalisation immédiate en présence d’un des signes d’alarme : douleurs abdominales, vomissements persistants, hépatomégalie, fuite plasmatique (épanchements liquidiens, hémoconcentration), troubles et la vigilance ou agitation, saignements muqueux, thrombopénie rapide.
› Le chinkungunya est présent en Afrique, en Asie du Sud-est, en Inde et dans l’Océan Indien. « Maladie de l’homme courbé », il réalise après 2 à 7 jours d’incubation (15 maximum), un tableau de fièvre brutale
› 38,5 °C associée à des douleurs des petites articulations et un rash maculopapuleux. Les formes graves (1 ‰) sont globalement l’apanage des patients fragiles, notamment les nourrissons et les personnes âgées. Les douleurs articulaires persistent fréquemment (13 à 70%) pendant plusieurs mois voire années. À noter que 50 à 80% des cas de dengue et 5 à 25% des cas de chikungunya sont asymptomatiques.
›La dengue hémorragique (1% des cas) se manifeste par une fièvre persistance et des saignements diffus : cutanés, digestifs, intra-crâniens…
LE DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE : QUE PRESCRIRE ?
La symptomatologie étant peu spécifique et les diagnostics différentiels nombreux, le diagnostic doit toujours être confirmé biologiquement.
› Le choix des examens dépend du délai par rapport à la date de début des signes (J0). Toute prescription doit être accompagnée de renseignements cliniques et chronologiques.
– Jusqu’à J5 : RT-PCR (Reverse transcription polymerase chain reaction) ;
– J5 à J7 : RT-PCR et sérologie?;
– Après J7 : sérologie uniquement (IgG et IgM) avec un second prélèvement de confirmation au plus tôt 10 jours après le premier, en raison des nombreux faux positifs en IgM.
AUTOUR DU CAS
Pendant la phase de virémie (jusqu’à sept jours à partir du début des signes), des mesures de protection individuelle diurne – en particulier le matin et au crépuscule – sont nécessaires chez le patient et son entourage : vêtements longs, amples et couvrants, imprégnés d’insecticide, répulsifs adaptés, moustiquaires…
TRAITEMENT
› Il n’existe pas de traitement antiviral. La prise en charge est symptomatique (fièvre, douleur) sans oublier qu’en raison du risque hémorragique de la dengue, l’aspirine et les AINS sont contre-indiqués. Les arthralgies du chikungunya peuvent relever des morphiniques. Les dengues graves (plus souvent chez l’enfant de moins 15 ans) relèvent d’un traitement symptomatique en unité de soins intensifs.
› L’infection par un sérotype de la dengue apporte une immunité définitive contre ce sérotype sans immunité croisée contre les trois autres : peut ultérieurement survenir une dengue secondaire, volontiers plus grave.
› L’immunité contre le chinkungunya semble durable.
LA DÉCLARATION OBLIGATOIRE
En métropole, dengue et chikungunya font toute l’année l’objet d’une déclaration obligatoire. Dans les départements* où Ædes albopictus est implanté et pendant sa période d’activité (du 1er mai au 30 novembre), tous les cas « suspects » doivent être signalés à l’Agence régionale de santé. Outre-mer, les dispositifs sont spécifiques.
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