Départ du Dr Chassang : partisans et détracteurs témoignent

Publié le 14/03/2014

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Chassang
Crédit photo : S. Toubon

Après douze ans à la tête de la CSMF, le Dr Michel Chassang passera la main le 22 mars prochain. Durant ses mandats, le généraliste a côtoyé les ministres et les patrons des grandes organisations de santé. Ils témoignent de leurs bonnes ou mauvaises relations avec le futur ex-président de la CSMF.

Frédéric van Roekeghem : « Il a l’image d’un syndicaliste combatif »
Directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie

Je côtoie Michel Chassang depuis 10 ans. Il a l’image d’un syndicaliste combatif, agressif dans sa communication mais il est relativement pondéré dans ses analyses. Sur le fond, il a su faire prendre des virages difficiles à son syndicat, le médecin traitant qui représentait un risque pour les spécialistes, les nouveaux modes de rémunération, la régulation des dépassements d’honoraires, tout en restant fidèle à l’axe libéral et social de son syndicat. Il m’a surpris en proposant un système de points pour la ROSP. Je n’avais pas anticipé que cela pourrait se faire.

Marisol Touraine : « Un redoutable négociateur »
Ministre des Affaires sociales et de la Santé

Michel Chassang est une grande figure du syndicalisme médical. Ses qualités humaines en font un redoutable négociateur, dont j’ai pu observer à maintes reprises l’efficacité. Il sait fédérer les professionnels de santé. Et, quel que soit le gouvernement avec lequel il négocie, il défend pied à pied la médecine libérale. Il n’est pas un homme de concessions, mais un homme de compromis, au sens le plus fort du terme, c’est-à-dire quand le compromis permet d’avancer.

Xavier Bertrand : « Sa première qualité est d’être fiable »
Ancien ministre de la Santé

C’est quelqu’un avec qui j’ai noué des relations de confiance. Sa première qualité est d’être fiable, il tient parole. Il est sincère et m’a toujours dit quelles étaient ses priorités, sans me raconter d’histoires. Il est aussi courageux et s’est engagé par exemple sur la responsabilité civile, alors que ce n’était pas évident, sur le médecin traitant et la maîtrise médicalisée. Je me souviens de cette nuit. Les discussions se sont terminées à 2h du matin. On s’est serré la main et on n’a pas dévié de cet accord.

Dinorino Cabrera : « J’ai vécu avec lui plus de tensions que de bons moments »
Président fondateur du SML de 1981 à 2008

Mes souvenirs ne sont que professionnels car j’ai vécu avec lui plus de tensions que de bons moments. Rétrospectivement, je dirais que Michel Chassang est quelqu’un d’assez inconstant. Il donne l’impression de savoir où il va mais quand il se heurte à un mur, il essaie de retomber sur ses pattes. Il se tient à ce qu’il a signé, c’est tout à son honneur, mais il n’a pas toujours été respectueux des gens avec lesquels il a travaillé. J’ai fait souvent semblant de bien m’entendre avec lui pour préserver l’unité médicale.

Gérard Maudrux : « Son départ n’est pas une perte »
Président de la CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France)

J’ai eu des relations difficiles avec lui. Lorsque la CARMF a organisé un référendum sur l’avenir de l’ASV en 2002, le Dr Chassang a voulu me voir. J’ai fait l’aller-retour Avignon-Paris. Il m’a lancé : « Je t’ai fait venir pour te dire que ton référendum, je vais le boycotter. La retraite, j’y connais rien ». Et il m’a laissé avec ses adjoints qui suivaient le dossier. Michel Chassang ne tolère pas la contradiction et a trouvé insupportable de ne pas être patron de la CARMF. Quand je vois les confrères déprimés, ceux qui veulent arrêter... je ne crois pas qu’il ait un si bon bilan. Son départ n’est pas une perte.