L’attractivité des carrières pour les professionnels de santé est aujourd’hui « la question numéro 1 » de l'Anap a revendiqué ce mercredi Anne-Marie Armanteras, sa présidente. Invitée du café Nile aux côtés du directeur général, Stéphane Pardoux, elle est revenue sur la manière dont l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux accompagnait les établissements pour les aider à améliorer leurs performances.
Pour Anne-Marie Armanteras, si l’on veut aujourd’hui redonner du sens au métier de soignant, il est primordial d’écouter les aspirations des professionnels. Selon l'ancienne conseillère santé d'Emmanuel Macron, ceux-ci sont en quête d’une « reconnaissance » qui va bien au-delà de l'aspect financier. Les soignants ont besoin de « pouvoir exercer une certaine autonomie dans l’organisation du travail », mais aussi de l’instauration d’un « management bienveillant » ou de pouvoir « travailler en équipe », puisque c’est dans le groupe que se développe la « solidarité », estime-t-elle.
Design thinking et organisation du travail
Décidée à aller au delà des indicateurs de performance économique qui ont longtemps été « érigés en modèle », la présidente de l’Anap propose désormais aux établissements de « nouvelles méthodes collaboratives ». À l’image du design thinking, une méthode de gestion de l'innovation élaborée qui implique les usagers dans un processus de co-créativité.
À la suite des vœux d’Emmanuel Macron aux acteurs de la santé, le ministère a également confié à l’Anap une mission sur l’organisation du travail à l’hôpital. Trois thématiques ont été retenues : temps de travail et application des mesures Ségur ; gestion de l’absentéisme inopiné ; outils d’évaluation de la charge en soins. « Nous avons récapitulé l’ensemble des outils existants sur l’organisation du travail ou la gestion du temps de travail », annonce Anne-Marie Armanteras qui compte désormais sur le ministère pour « les ordonner et les prioriser ».
Plus de télétravail à l'hôpital
Son de cloche similaire du côté de Stéphane Pardoux qui estime que l’Anap « n’est pas l’agence de la marge brute », mais celle de la « performance globale ». Par exemple, celle-ci travaille actuellement sur « un grand nombre de thématiques » éloignées de la stricte performance économique. Notamment celle des ressources humaines qui est aujourd’hui devenue centrale pour l’agence.
L’Anap planche par exemple sur « l’attractivité, la fidélisation (des salariés, NDLR) ou le recensement des outils de mesure de la satisfaction des salariés », précise le directeur général de l’agence. Celle-ci réfléchit également à la mise en place du télétravail dans les établissements, tout simplement parce que « le télétravail est une des conditions de l’attractivité », observe Stéphane Pardoux qui déplore le retard des établissements français sur le sujet. Ainsi, l’agence va bientôt remettre aux établissements « une cartographie des métiers et des fonctions qui sont "télétravaillables" », explique son directeur général. Et d’ajouter : « Quand vous devez faire du compte rendu médical ou de l’interprétation radiologique, vous pouvez être en télétravail. »
Assouplir les cycles de travail
Enfin, l’Anap étudie de près la question des cycles de travail qui doivent être « souples et à la carte », mais aussi « construits par l’ensemble des professionnels », pour favoriser l’équilibre vie privée/vie professionnelle, considère Stéphane Pardoux. Il compte aussi doter les structures d’outils technologiques « pour leur permettre de faire des plannings de travail plus efficaces, plus rapides, plus interactifs ». Un chantier important à ses yeux, car « la majorité des cadres hospitaliers font encore des plannings avec des tableurs Excel ».
Le directeur général de l’Anap est en effet persuadé que les innovations technologiques favorisent les grandes innovations organisationnelles à l’hôpital. À l’image du développement de la chirurgie ambulatoire qui a été rendu possible par « l’amélioration des techniques chirurgicales et anesthésiques ». Une révolution couronnée de succès, selon Stéphane Pardoux qui rappelle que « nous en sommes à 61,5 % en moyenne de chirurgie ambulatoire dans le pays, ce qui est considérable ».
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