Ce mardi 23 juillet, l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS, rattaché au ministère) rend public son rapport annuel. S'il fait état de chiffres en stagnation par rapport à l'année dernière, il propose pour les faire baisser la mise en œuvre de « projets de service » au sein des établissements dans lesquels il invite les médecins à s'impliquer.
Avec 23 360 signalements réalisés par 426 établissements, le bilan comptable pour l'année 2018 de l'ONVS est à la hausse d'un peu plus de 1 000 cas d'agressions pour vingt hôpitaux déclarants de moins. Une tendance trop faible pour conclure à une augmentation de la violence dans les structures.
Le constat n’en reste pas moins inquiétant. Dans le détail, ces cas d'agressions regroupent 80 % d'atteintes à la personne et 20 % d'atteintes aux biens. Les victimes sont majoritairement (82 %) les personnels des établissements. Parmi celles-ci, on compte 9 % de médecins, 47 % d'infirmières diplômées d'État (IDE) et 44 % d'aides-soignantes ou autres soignants. Seuls 6 % des cas touchent les personnels administratifs. Les patients représentent 10 % des cas signalés à l'ONVS et les agents de sécurité 5 %.
À l’inverse, les auteurs des agressions sont en majorité des patients (71 %) ou des visiteurs (19 %). Les personnels soignants ne sont responsables que de 3 % des agressions signalées.
Comme l'an passé, les cas de violence touchent d'abord les services de psychiatrie (18 %), puis les urgences (16 %) et les unités de soins de longue durée (USLD) ainsi que les EHPAD (11 %).
Les motifs des violences sont très majoritairement liés à un reproche relatif à la prise en charge du patient (59,1 %). Le temps d'attente n'arrive qu'en deuxième position (13,3 %), devant l'alcoolisation (11,6 %), les règlements de comptes (6,5 %), la drogue (3,3 %), le refus de prescription (3,1 %), le diagnostic non accepté (1,9 %) et le suicide ou sa tentative (1,2 %).
Violence physique, menace avec arme
Pour la première fois, le commissaire divisionnaire Vincent Terrenoir, auteur du rapport et délégué pour la sécurité générale à la Direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère), a réalisé une typologie des auteurs de violences à partir de l'analyse des fiches de signalement. Il distingue quatre types de violence. « Il y a celle des personnes au comportement délinquant parfois aggravé par l'alcool et les stupéfiants, celle de « Monsieur Tout-le-monde », parfois inquiet, anxieux ou souffrant à la suite d’un différend, voire d’une simple incompréhension ou contrariété, celle de personnes souffrant d'un trouble psychique ou neuropsychique, et enfin celle qui a lieu par, ou entre professionnels », analyse-t-il.
En regardant le mode opératoire adopté, on remarque que 49 % des atteintes aux personnes sont des violences physiques et menaces avec arme, 33 % sont des insultes et des injures, 17 % des menaces d'atteinte à l'intégrité physique et 2 % des violences avec armes. « Je suis effaré de voir le niveau de violence verbale utilisé par les patients pour arriver à leurs fins avec les personnels », souligne particulièrement l'auteur de l'étude, qui pointe aussi parfois la soudaineté et l'imprévisibilité des agressions qui surviennent à l'hôpital.
Pour tenter d'endiguer la violence désormais inhérente au milieu hospitalier, l'ONVS suggère la mise en œuvre de « projets de service » au sein des établissements. « Lutter contre la violence ce n'est pas uniquement installer des portiques ou recruter un maître-chien, c'est aussi réfléchir à tout ce que cela va engendrer », argumente Vincent Terrenoir. Ce dernier y inclut une réflexion sur différents facteurs comme « les ressources humaines, la formation, les finances, l'architecture et l'entretien des locaux ».
« Il importe que les directeurs s'emparent de cet enjeu majeur et qu'ils le travaillent sur différents niveaux », poursuit-il. Mais pour assurer la réussite du projet, Vincent Terrenoir insiste sur l'importance de l'implication de la communauté médicale. « Là où ça marche bien c'est quand les médecins ont adhéré au projet », explique-t-il. Il illustre son argument par l'exemple : « À l'hôpital Bichat, un projet de service lancé par deux médecins a permis de refaire complètement les urgences. » « Il faut un projet de service global, impliquant tous les personnels, chacun à son niveau de responsabilité », résume Vincent Terrenoir.
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