« Orpea change ! Avec vous et pour vous. » Tel est le slogan qui accompagnait le plan de refondation du groupe d'Ehpad privés annoncé ce mardi. Objectif : construire « une entreprise plus éthique, mieux gérée, mieux organisée, plus performante », ambitionne Laurent Guillot, directeur général d’Orpea depuis le 1er juillet.
Quatre mois après son arrivée, le patron d'Orpea admet que le groupe – qui gère en France plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes – s’est éloigné de son cœur de métier « en privilégiant un développement international et immobilier trop rapide, au prix d’un endettement excessif et d’une situation financière très fragilisée ». De surcroît, Orpea a souffert de « pratiques de gestion complètement dysfonctionnelles et de malversations de l’ancienne équipe de direction », a concédé Laurent Guillot.
Fidéliser
La refondation du groupe consiste d’abord à prendre soin de ses collaborateurs, et plus particulièrement des soignants pour « leur donner envie et les moyens de bien faire leur métier », ambitionne Fanny Barbier, la nouvelle DRH. Celle-ci entend repenser la politique salariale et sociale d’Orpea, réduire de 20 % les accidents du travail à l’horizon 2025, mais aussi investir dans la formation continue et la promotion interne pour fidéliser les salariés.
Il s’agit aussi de redonner plus d’autonomie et d’initiative aux directeurs d’établissement, en allégeant leurs tâches administratives et en leur confiant une fonction « ressources humaines de proximité ».
Projet médical autour de trois piliers
Le deuxième axe vise à répondre aux enjeux de soins et d’accompagnement de demain. Le nouveau directeur médical du groupe, le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue et gériatre, aura la lourde tâche de reconstruire le projet médical autour de trois piliers. L’ex-directeur médical de l’Institut du vieillissement des Hospices civils de Lyon (HCL) pourra ainsi compter sur le renfort de Commissions médicales d’établissement (CME), d’experts scientifiques et d’un conseil d’orientation éthique présidé par Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale et directeur de l'espace éthique d'Île-de-France.
Le directeur médical promet de nouveaux indicateurs qui feront « sens » : bien être psychique, qualité nutritionnelle, qualité de prescription médicamenteuse… Le médecin estime à cet égard que le groupe dispose d’une palette de protocoles et de référentiels qualité qu’il faudra « maintenir à niveau et rendre encore plus opérationnels ». Et pour le neurologue, ces protocoles n’ont pas vocation à « alourdir les soins » mais à « servir les équipes, les aider dans la structuration de la qualité ». Pour mener à bien ces projets, les équipes « devront trouver en permanence du sens », plaide le Pr Krolak-Salmon. Il faudra « passer un peu plus de temps au chevet des patients pour proposer un soin optimal et créer du lien », assume le médecin.
Personnaliser les parcours de soins
Un des défis sera de « personnaliser » les parcours de soins pour assurer « une continuité entre le domicile, les hôpitaux de jour, les secteurs ambulatoires, les hospitalisations et l’hébergement », prône encore le nouveau responsable médical d’Orpea. Les secteurs sanitaire et médico-social devront être « décloisonnés ». Autres chantiers : « préparer les admissions plus en amont, mais aussi des sorties en lien avec le territoire », projette le Pr Krolak-Salmon.
Le nouveau DG d’Orpea résume le cap : « prendre soin de nos patients et résidents », « construire les bases d’une confiance renouvelée, avec l’ensemble de nos parties prenantes : les familles, les autorités et les marchés financiers, les actionnaires ».
Perquisitions aujourd'hui
Le défi est à la hauteur de l’ampleur du scandale qui a éclaboussé le groupe depuis le début de l’année, dans la foulée de la parution du livre-enquête « Les Fossoyeurs ». Le journaliste Victor Castanet y dénonçait une maltraitance des résidents, des manquements dans la gestion du personnel et un usage abusif des fonds publics.
Ce mardi encore, à l'heure même où le groupe présentait à la presse son plan de transformation, plusieurs perquisitions étaient lancées dans des établissements d'Orpea, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour « maltraitance institutionnelle » menée à Nanterre, a indiqué le parquet.
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