Le Pr Anne Lejay, 39 ans, vient d'être nommée PU-PH en chirurgie vasculaire, aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Fait rare : elle est la première femme en France à accéder à ce poste dans sa discipline. Chargée du versant chirurgical de la transplantation rénale dans son service, la jeune professeure qui a effectué toutes ses études médicales dans la capitale européenne et une année de post-doctorat à Toronto espère que d'autres jeunes femmes suivront sa voie.
LE QUOTIDIEN : Devenir la première PU-PH de chirurgie vasculaire en France, qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Pr ANNE LEJAY : Je suis très heureuse, mais c'est surtout le fait d'être professeure que je retiens parce que c'est l'évolution de mon parcours professionnel de soignant. Bien sûr, cela me fait aussi plaisir d'être la première femme ! C'est la preuve qu'il y a quand même une évolution dans notre société, et que derrière moi d'autres jeunes femmes vont suivre. La discipline va s'élargir et s'ouvrir aux femmes d'un point de vue universitaire.
Être PU-PH n'était pas forcément un objectif quand j'ai commencé la médecine, c'est une envie qui est venue au fur et à mesure de mon parcours. Tout d'abord j'ai découvert la chirurgie vasculaire, dont j’ai aimé la diversité car on s'intéresse à tous les vaisseaux du corps humain. L’éventail thérapeutique est très large, de la chirurgie ouverte conventionnelle, avec les pontages, à la chirurgie endovasculaire, avec les stents et endoprothèses. La recherche au sein de la faculté de Strasbourg m'a ensuite donné envie de poursuivre sur la voie universitaire.
Comment expliquez-vous que cela n'arrive qu'en 2020 dans votre spécialité ?
Je n'ai pas de réponse toute faite, mais c'est une spécialité qui demande évidemment beaucoup de temps et d'investissement personnel. Et il y a quelques années encore, on ne laissait pas cette opportunité à des femmes, car on estimait tout simplement que ce n'était pas compatible avec une vie épanouie et familiale. Aujourd'hui, cela a évolué et on arrive un peu plus à cumuler les activités et à trouver un juste équilibre des choses.
Pour ma part, je n'ai jamais rencontré d'obstacles à ma carrière au sein de mon service, mais au cours de mon internat, oui. C'étaient de petites remarques, certes souvent sur le ton de la plaisanterie, mais qui témoignaient d'idées un peu ancrées et ancestrales. On me disait que la chirurgie n'était pas faite pour les femmes, que c'était trop dur, ce genre de choses. Cela tend à s'estomper tout de même.
Quels sont vos objectifs au sein du service pour cette année universitaire ?
La particularité de notre service est de s'occuper à la fois de chirurgie vasculaire et de la transplantation rénale, normalement faite par les centres d'urologie. Là, c'est notre service qui s'occupe du versant chirurgical de la transplantation, sachant que le versant médical est assuré par l'équipe de néphrologie.
Ma tâche est donc de développer tout ce qui a trait à la transplantation rénale, tant sur le plan clinique, pour proposer la greffe rénale à des patients très complexes et développer le programme de greffe à donneur vivant, que sur le plan expérimental pour essayer d'optimiser les greffons rénaux, la durée du greffon chez les patients,etc., le tout dans un contexte où le nombre de greffes tend à augmenter. C'est mon grand secteur d'activité, et c'est vraiment passionnant.
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