À la veille de l'annonce ce mardi d'une vaste réforme du secteur, les hôpitaux locaux s'inquiètent. Le gouvernement devrait suivre la proposition du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie (HCAAM) de créer 500 à 600 hôpitaux de proximité. Dans cette nouvelle restructuration du paysage sanitaire, où seront les 250 centres hospitaliers locaux où exercent des médecins généralistes libéraux ? L'Association nationale des centres hospitaliers locaux (ANCHL) a donc rendu à l'Élysée une note qui vise à « replacer l'hôpital local au centre de son bassin de vie ». Au menu, donner plus de liberté aux établissements et favoriser l'attractivité des carrières médicales.
Les centres hospitaliers locaux (CHL) sont des structures de proximité, installées dans des zones rurales sans urgences ni plateau technique. C'est un premier niveau d'accès aux soins destiné essentiellement aux personnes âgées et donc avec une large part de médico-social.
L'ANCHL appelle de ses vœux des mesures d'attractivité pour la pratique de la médecine générale à travers une adaptabilité des formes d'exercice.
Pour les médecins qui voudraient se voir salarier, Dominique Colas, président de l'ANCHL et directeur de l'hôpital de Lamballe (Côtes-d'Armor), propose de les exonérer du concours de praticien hospitalier. « Car nos cibles sont les médecins généralistes libéraux fatigués de leur pratique et pour lesquels le concours est déjà un frein. »
Pour les autres, auxquels l'exercice libéral convient mieux, le patron des hôpitaux locaux veut revaloriser le tarif des actes de ville. Dans ces établissements, l'essentiel de l'activité consiste à réaliser des actes simples comme l'entrée et la sortie de patients. « S’ils en font deux par heure, les médecins sont rémunérés en moyenne 27 euros net », se désole Dominique Colas. « Nous revendiquons au moins le tarif de quatre C pour une heure de travail rémunéré. »
« On nous réserve des strapontins »
Avec le développement des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les hôpitaux locaux se sentent lésés. La raison ? Une organisation « trop rigide, trop contrainte et chronophage », explique Dominique Colas. « Le CHU est trop éloigné des préoccupations des CHL, ce sont deux mondes différents. »
Illustration par l'exemple avec les achats de matériel (mutualisés depuis 2016 par l'établissement support du GHT). La majorité des dépenses de CHL concerne les fournitures de bureau et se retrouve fondue dans les achats d'équipement d'imagerie ou autres prothèses. « Avec un tel système, les prix ont augmenté de 10 % sur les deux dernières années, et la qualité a baissé », s'offusque Dominique Colas.
S’il reconnaît lui-même que sortir du GHT est illusoire, il réclame au moins un système plus « agile » et dans lequel l'hôpital local serait le « premier animateur de la santé sur son bassin de vie ». D'autant plus que des coopérations à l'échelle d'un territoire existaient déjà avant le lancement des GHT. « Pour les consultations avancées, il pouvait nous arriver de demander à une clinique du secteur, aujourd'hui, nous sommes contraints d'envoyer le patient vers l'établissement support. »
Ces revendications, Dominique Colas regrette de ne pas pouvoir les exprimer lors des réunions de coordination entre les différents établissements. « Lors des commissions médicales de groupement, on nous réserve des strapontins », ironise-t-il froidement.
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