À l’hôpital public, le casse-tête du recrutement des médecins spécialistes

Publié le 28/11/2024
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Une étude menée conjointement par la Fédération hospitalière de France (FHF) et la plateforme Indeed met en regard les atouts des établissements de santé publics et leurs difficultés chroniques de recrutement, notamment de médecins spécialistes.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Si la quête de sens demeure le « totem » des hôpitaux publics, ces derniers peinent toujours à séduire et à fidéliser un certain nombre de professionnels de santé, de façon certes variable selon les divers métiers du soin. « Le recrutement constitue actuellement un défi de taille pour les établissements de santé », synthétise une étude menée conjointement par la FHF et la plateforme d’offres d’emploi Indeed au printemps 2024.

De fait, recruter des soignants s’avère compliqué pour 83 % des directeurs de ressources humaines (DRH) et la difficulté est même considérée « très importante » par un tiers d’entre eux. Parmi les postes les plus difficiles à pourvoir, figurent les infirmiers mais aussi les médecins spécialistes et les aides-soignants, cités respectivement par 75 %, 59 % et 52 % des répondants. S’agissant des médecins généralistes, la situation RH est meilleure : 38 % des recruteurs ont du mal à en embaucher dans les établissements de santé publics.

La grande diversité des métiers, des missions et des modes d’exercice proposés dans les établissements publics de santé offre aux salariés de nombreuses perspectives d’évolution professionnelle et de mobilité interne

Rodolphe Soulié, responsable du pôle RH hospitalières de la FHF

Selon 37 % des DRH rencontrant des difficultés à recruter des blouses blanches, les raisons avancées concernent d’abord « le défaut d’attractivité » global des hôpitaux publics, que ce soit en matière de localisation géographique, de rémunération offerte, d’horaires, de ressources et d’effectifs.

À cet égard, les actifs en recherche d’emploi dans les métiers de la santé ne sont que 58 % à considérer les établissements de santé publics comme des structures de santé attractives. Et pourtant, les hôpitaux ont, a priori, plusieurs cordes à leur arc. « La grande diversité des métiers, des missions et des modes d’exercice proposés dans les établissements publics de santé offre aux salariés de nombreuses perspectives d’évolution professionnelle et de mobilité interne, des critères essentiels pour continuer à s’épanouir dans son travail, gagner en qualité de vie et conserver le sens de son engagement en faveur du soin et de l’accompagnement de son prochain », avance Rodolphe Soulié, responsable du pôle RH hospitalières de la FHF dans un communiqué avec Indeed.

Fidéliser, le grand défi

L’enquête apporte des clés de compréhension sur les facteurs d’attractivité médicale. Ainsi, l’offre variée de cycles de formation est une des principales sources de motivation des praticiens spécialistes en recherche de poste (38 %). Ces derniers sont aussi 27 % à être sensibles à la prise en compte des « besoins individuels » dans la gestion des plannings. Il s’agit même d’une bonne pratique essentielle que les employeurs devraient généraliser pour fidéliser les équipes, selon 53 % des médecins spécialistes en poste à l’hôpital.

Au-delà des difficultés à recruter de nouveaux médecins, l’étude Indeed/FHF confirme que les hôpitaux publics ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers s’ils veulent conserver les professionnels déjà en poste. Car en dehors du départ à la retraite ou du suivi du conjoint, les DRH jugent que la charge de travail et de soins, ainsi que les horaires figurent parmi les principales raisons incitant les soignants à quitter leur poste…

Sauf que les réponses apportées par les collaborateurs eux-mêmes sont un peu différentes : c’est surtout le manque de reconnaissance qui reste cité majoritairement (53 % des soignants) parmi les principales raisons qui les inciteraient à quitter leur emploi actuel à l’hôpital. L’ambiance de travail, puis la charge de travail, figurent en deuxième et troisième position pouvant expliquer un départ.

Caroline Robin

Source : lequotidiendumedecin.fr